Article | Marc-Andre ter Stegen | mercredi 13 avril 2016 à 17:51
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A presque 24 ans, le gardien allemand du Barça est à un tournant de sa carrière. A l’heure où, de ses propres mots, son temps de jeu n’est plus suffisant, une bonne fin de saison avec le Barça pourrait peut être lui offrir une place de numéro un.
Du fait de son style de jeu, le Barça a toujours passé énormément de temps à regarder le but adverse : conserver le ballon, trouver une faille dans la défense et tromper le gardien de l’équipe d’en face… Les Blaugranas, ambitieux offensivement, pouvaient par ailleurs rester sereins avec Victor Valdés derrière eux. Le gardien catalan, dernier rempart d’une équipe exceptionnelle, était parvenu à faire oublier Zubizarreta et possédait un poids considérable dans le vestiaire. Mais une blessure survenait et Valdés, qui avait déjà prévenu le club de son départ, laissait alors ses cages désertes après plus de 500 matchs disputés en équipe première. Pinto occupait temporairement sa place mais la transition était actée : il fallait un nouveau gardien, et pas n’importe lequel.
C’est ainsi qu’arrivaient deux portiers en 2014 : Claudio Bravo et Marc-André ter Stegen. Peu de suspense en perspective : le Chilien disputait rapidement la Liga tandis que l’Allemand jouait les matchs de Coupe du Roi et de Ligue des Champions. Deux gardiens talentueux et étant arrivés la même année au club se devaient de partager le temps de jeu, du moins temporairement. Bis repetita cette année : à chaque gardien sa compétition. Mais au moment d’aborder le quart de finale retour de la Ligue des Champions, la préoccupation était différente de d’habitude. Il ne s’agissait pas de connaître l’identité du gardien qui allait jouer, mais il fallait ne pas encaisser de but et emmener son équipe en demi-finales. Peut être aussi fallait-il installer définitivement l’un des deux gardiens dans les buts.
En effet, ter Stegen, qui avait déjà brillé dans cette compétition la saison dernière, commence progressivement à prendre conscience que la seule Ligue des Champions, en plus des quelques matchs de Coupe, devient trop petite pour lui en termes de quantité. Ayant déjà affirmé qu’il faudrait « discuter » avec le club en fin de saison, le portier compte toujours démontrer qu’il est plus qu’un pari et qu’il a les épaules nécessaires pour être le gardien du club pour un très long moment. Concentré et déterminé, l’Allemand continue d’expliquer qu’il reste focalisé sur le présent. Mais pour le Barça, on évoque avant tout un gardien pour l’avenir, un rempart qui correspond aux préceptes du jeu blaugrana et qui pourrait occuper les cages de manière optimale sans craindre la concurrence, à condition de recevoir la confiance nécessaire.
Au Calderon, le sort du Barça dépendra en partie de son gardien. Le score acquis au match aller offre en effet un léger avantage aux Catalans mais permet néanmoins à l’équipe de Diego Simeone de rester en vie et de rêver du dernier carré comme il y a deux ans. Malgré tout, ter Stegen ne sera pas impressionné. Si le match de ce soir pourrait marquer non pas seulement sa saison mais aussi sa carrière, ceux qui le côtoient savent que sa nature ne changera pas. « Il est allemand, il ne bouge pas d’un cil ». Ceux qui l’on vu atterrir à Madrid pour ce match ont eu la même impression que lorsque le gardien a atterri à Berlin à l’occasion de la finale de l’année dernière face à la Juve : tranquillité et calme.
Dans le vestiaire, certains anciens aiment rappeler qu’il y avait des gardiens, par le passé, qu’il ne fallait pas approcher moins de 24 heures avant un match comme celui-ci. Valdés, par exemple, devenait une vraie bombe, que ce soit avant Paris, Rome ou Londres. Ceux qui ont connu ces personnages atypiques se sont ainsi étonnés de voir que pour Marc, la seule inquiétude avant le match de ce soir était la question de savoir si les gants étaient nouveaux et si personne ne les avaient déjà mis.
Ter Stegen semble ne pas avoir de trac. A 19 ans, il prenait la place du Belge Logan Bailly dans les cages du Borussia Mönchengladbach et commençait à effectuer ses spectaculaires arrêts. A 21 ans, il arrêtait un penalty de Messi avec la sélection allemande avant que Joachim Löw ne l’écarte de la liste des convoqués pour l’Euro en Pologne et en Ukraine. Sûrement l’une des raisons pour lesquelles l’Argentin a approuvé son transfert quand on lui a posé la question. « C’est un gardien impressionnant, il peut devenir le meilleur du monde ». Xavi, aujourd’hui au Qatar, ajoutait par ailleurs : « Pour moi, ce fut une surprise. Je ne le connaissais pas et je ne l’avais jamais vu jouer. Je pense que c’est un bon transfert initié par Zubizarreta parce qu’il peut être le gardien du Barça pour les 12 ou 15 prochaines années. Je n’avais jamais vu jouer un gardien aussi bien avec les deux pieds. Il a tout le nécessaire pour devenir le meilleur gardien au monde ».
Au club et dans le vestiaire, il se dit que Bravo est un bon gardien mais que l’Allemand est excellent. S’il n’y a aucun imprévu et qu’il continue de progresser, en raison de son potentiel et de son âge, il prendra assurément une place parmi les quatre meilleurs du monde pour les dix prochaines années. Raison pour laquelle certains militent pour un départ de Bravo cet été et une place de numéro un à part entière pour ter Stegen. Dans cette optique, le Chilien, s’il ne démérite pas, ferait sans doute les frais de cette concurrence exacerbée et de l’obligation pour le club de devoir faire un choix. Il n’y a cependant pas de réponse claire et définitive de Luis Enrique, qui n’a toujours pas pris position de manière ferme à ce sujet. Manuel Neuer, gardien de but du Bayern Munich et titulaire au sein de la sélection allemande, affirmait pour sa part que « ter Stegen est jeune mais il a déjà de l’expérience et va encore s’améliorer » et Lehman, ancien de la sélection et d’Arsenal, estime que « footballistiquement, il est un petit peu meilleur que Neuer ».
Les statistiques confirment d’ailleurs le rendement de l’Allemand. Champion d’Europe la saison passée, il a encaissé 11 buts en 13 matchs et sur un total de 92 tirs. Il a par ailleurs conservé ses cages inviolées sur 6 de ces matchs et a réalisé 31 arrêts, y compris le penalty d’Agüero en huitièmes de finale. En Coupe du roi, il a encaissé 5 buts en 8 parties (0,62 buts par matchs). Par ailleurs, à titre indicatif ter Stegen a également effectué le meilleur arrêt de la Ligue des champions 2014/2015 (selon l’UEFA) sur la pelouse du Bayern Munich en repoussant une tentative proche de Lewandowski Cette année, en neuf rencontres de Ligue des champions il est resté invaincu trois fois, a encaissé six buts (0, 67 par match) et a effectué 25 arrêts. Mais par-dessus tout, il a réussi 199 passes sur les 227 tentées (88 % de réussite sur son jeu au pied) et n’a pas commis d’erreur majeure aboutissant directement à un but.
Aujourd’hui, ter Stegen est convaincu qu’il est un meilleur gardien qu’à l’époque où il s’est engagé pour Barcelone. Sa capacité de réaction sur sa ligne et son jeu au pied se sont encore développés en Espagne, et le travail qu’il a mené conjointement avec José Ramon de la Fuente (entraîneur des gardiens) et Juan Carlos Unzué (entraîneur adjoint) lui a permis de faire un pas en avant au niveau de la compréhension tactique du jeu. « J’ai dû changer mon style de jeu et ça n’a pas été facile de s’adapter », reconnaissait le joueur qui fêtera ses 24 ans le 30 avril prochain. Il a par ailleurs également admis avoir grandi sur le plan personnel : « C’est la première fois que je vis loin de la maison et le fait de passer d’une ville comme Mönchengladbach à Barcelone, avec tout ce que cela implique, c’est fantastique et excitant, pas seulement sur le plan footballistique ». Epanoui au sein du groupe blaugrana, il explique avoir la sensation que l’équipe « se sent à l’aise avec lui dans les cages ». Ses coéquipiers vont également dans ce sens et confirment cette idée.
Oliver Kahn, son idole d’enfance, admet que depuis son transfert au Barça, « sa progression a été gigantesque » et que « mentalement, il est très fort, un jour il sera forcément le numéro un ». En ce sens, Andreas Kökpe, l’actuel entraîneur des gardiens en Allemagne, expliquait que ter Stegen était très offensif et qu’il aimait jouer au pied et que « de tous les Allemands, c’est le plus proche de notre philosophie ». Celui qui était gardien de la sélection lors de l’Euro 1996 ajoutait que « ce qui est difficile pour lui, c’est de ne pas jouer en championnat. Ne pas pouvoir démontrer son niveau régulièrement fait qu’il manque de rythme ».
Aujourd’hui, celui que beaucoup comparent à Neuer aborde son cinquième match contre l’Atlético. Il n’a jamais encaissé plus de deux buts et n’a jamais perdu. « Ici, on ne peut pas faire de match moyen. Ou l’on fait un match génial, ou l’on fait un mauvais match. Je peux m’habituer à ça, il n’y a pas de soucis. Ici, c’est comme ça. Je tire mes propres conclusions sur les matchs que je joue, j’analyse calmement », exposait ter Stegen. Il y a des parties qui marquent une saison et une carrière toute entière. Le match face aux Colchoneros en sera peut être un. Peut être fera-t-il entrer définitivement ter Stegen parmi les meilleurs à son poste. Peut être qu’il deviendra ce que l’on attend de lui depuis si longtemps. Le joueur, lucide, en a les capacités. Prototype du gardien moderne, il a le futur entre ses mains.
Source: El pais
Posté par Senox10
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