Array Xavi : "Je veux rester dans le football" - FC Barcelona Clan

En Une | Xavi | jeudi 12 février 2015 à 01:19  | Ajouter aux favoris / Partager  | Email

Il est comme il joue. Xavi Hernández, 34 ans, pour beaucoup le meilleur footballeur du monde, est hors du terrain comme dessus. Une noblesse, une adresse, un style, une simplicité, une solidarité pourraient définir la trace que le Barça, son Barça, laissera au monde. Le champion de tout - sept Liga, trois Champion's League, deux Euro, un Mondial- , est un garçon humble de Terrassa - engagé maintenant avec la Fondation Caixa dans des chantiers solidaires. Xavi sait qu'il vide ses dernières gorgées de gazon. Mais son avenir est clair : "C' est dans le football", long entretien accordé à l'hebdomadaire El Pais. (Interview qui date du 14 décembre dernier)

En quoi est-ce que cela consiste d'être ambassadeur de La Caixa ?

Je collaborais avec quelques ONG, mais j'ai pensé qu'il était mieux de centraliser toutes mes activités dans une seule structure. Vu la situation du pays ça me paraît normal d'aider, de contribuer à des gestes altruistes. Ils m'ont proposé d'être un ambassadeur de l'oeuvre sociale de La Caixa et j'aide sur plusieurs dossiers : des maladies, un syndrome de Down...

Vous n'êtes pas peint comme quelqu'un qui sait dire non.

Ça me coûte, ça me coûte; je l'ai vu à la maison. Mon père, parfois pour des sottises, se compliquait la vie. Nous sommes généreux, ils  m'ont inculqué cela et en plus dans la position dans laquelle je suis, je suis dans une situation privilégiée, c'est normal d'aider. C'est l'éducation qu'ils m'ont donné.

Laquelle?

Celle que nous avons pu recevoir dans un très petit appartement. Nous étions huit, en comptant les grands-parents, dans 100 m2. Nous partagions tout, le lavabo, la brosse à dents, la chambre à coucher, les vêtements. Ça devait être comme ça : une atmosphère altruiste, généreuse et empathique dans laquelle nous chuchotions si quelqu'un dormait au côté ou étudiait.

Votre père était un homme de football.

Totalement. Le football est en partie ça, un sport d'équipe il faut être attentif à ton équipier avant de se préoccuper de ton individualité.

Vous avez plus joué que quiconque pour les autres. Alors peut-être que vous n'avez pas été suffisamment reconnu dans sa propre individualité?

Eh bien, je pense au contraire que j'ai eu beaucoup de reconnaissance , et pas seulement en Espagne. Depuis que je ne suis pas dans la sélection j'ai plus de temps et,partout où je vais j'ai des retours . L'autre jour, un Français , dans la rue , m'a dis: "Comment cela ce fait-il que vous n'avez pas gagner le Ballon d'Or ? " .

Précisément c’est ce à quoi je voulais venir. Avez-vous mesuré à quel point vous êtes passé près du Ballon d’Or?

 Honnêtement, j’ai eu la chance de dépasser mes rêves. Je n’aurais jamais imaginé atteindre le podium du Ballon d'Or. Ma vie a dépassé mes attentes, je suis extrêmement heureux de ce que j’ai accompli. Collectivement, nous avons tout gagné, c’était impensable. Si on me l’avait dit en 2004, lorsque j’ai été tant critiqué en club et l'équipe nationale, je ne l’aurais pas cru.

Votre génération était la plus brillante dont a bénéficié le football espagnol. Vous êtes encore le présent ?

Non, j’ai compris  après la Coupe du Monde au Brésil qu’un cycle s’était clôturé.

Etes-vous conscient d’être passé à une autre vie ?

Au niveau de sélection, il ne me restait que peu de football en moi, bien sûr. Je l’ai senti dans mon corps, je trouvais plus difficile de récupérer, je dosais l’effort, je n’avais plus la force de jouer tous les trois jours.

Vous vivez ça naturellement ou comme un traumatisme ? Vous privilégiez peut-être l’intelligence aux sentiments ?

Nous sommes matures. Les footballeurs commencent  tôt leur carrière. Heureusement, nous sommes habitués à être constamment jugés. C’est la vie. Dès notre plus jeune âge. J’ai déjà envisagé cette possibilité à l’issue de l'Euro 2012. J’ai dit à Vicente Del Bosque : " Ecoutez, je préfère partir et céder ma place... Il m’a répondu : « Que dites-vous, hombre ? Vous êtes en dépression? ". Et moi: " Non, non, monsieur, c’est que j’ai beaucoup réfléchis. " Et lui: " Mais mon Dieu, vous êtes très important pour nous ... ". Alors, bien sûr, si j’avais sû ce que j’allais vivre au Brésil, j’aurais pris ma retraite à ce moment-là. Mais il faut dire aussi que ces deux années, je les ai vécu avec beaucoup d’enthousiasme, mais tout est allé de travers. Quoi qu'il en soit, je suis maintenant beaucoup plus calme, j’ai un faible niveau de stress, je profite de ma femme, de ma famille, de mes amis ...

 Vous donnez une interview peu après le référendum du 9 Novembre sur l’indépendance de la Catalogne. Je vais devoir demander…

Il n’y a pas de problème.

Les footballeurs, évidemment, n’aiment pas parler de politique.

Le problème ce sont les conséquences, quand vous êtes étiqueté.

Je vous revois criant « Viva España! » après avoir remporté un titre majeur avec la sélection.

Oui, et j’en avais envie. Peut-être que nous avions bu quelques bières, mais cela signifiait beaucoup pour nous, pour notre équipe qui nous a tant donné.

Hombre, il est temps aussi de crier : "¡viva España! y ¡viva Cataluña!" sans qu'il ne se passe rien. Tu ne crois pas ?

Eh bien oui, aussi. J'ai été voter le 9 parce que je considère que c'est un pas important pour la Catalogne. Nous demandons une consultation légale et officielle, et ils devraient nous la donner. C'est aussi simple que lorsqu'un ami t'appelle et te dit qu'il va mal, et toi tu raccroches le téléphone. C'est ce qui s'est passé pour la Catalogne avec l'Espagne. Nous sommes amis, nous partageons le même pays : ecoute le. Mais apparemment ils s'entêtent à tout nous renier. C'est une question qui se résoud par le dialogue. Aller, moi je le vois comme ça. Nous avons besoin de voter, d'être écoutés et compris. Juste ça.


Revenant au  terrain...Vous voyez la vie naturellement, vous vous efforcez de traduire cette simplicité en jouant et tout fonctionne de manière exceptionnelle. Quel est votre secret ?

Je suis auto-exigeant et très perfectionniste en tout. Parfois, bien que je vois que nous sommes très bons, je m'acharne à corriger les actions jusqu'à ce que la prochaine soit meilleure. Au Barça, assez bien n'est pas valable, il faut que tu sortes tout ce qui t'a valu ton inscription. Moi je péche avec cette autoexigeance en la demandant à mes proches et à mes amis, jusqu'à ce que je me rende compte et je dis "à voir, bien, baisse un peu". Mais on a toujours autant exigé de moi et cela m'a conditionné, alors normal que je fasse de même avec les autres. Quand ma prestation est juste moyenne, je rentre préoccupé à la maison.

C'est ce qui s'est peut être passé au Brésil, certains se sont relâchés peut être à cause d'absences importantes  : vous l'avez reconnu. Dans la charnière de la sélection, ne manquait-il pas un Puyol qui aurait exigé d'eux cette excellence ?

Si, si, ouais... Mais bon, il y a pas mal de passion, hein.

Autant que celle de ce monstre sacré ? 

Regarde, dans le football, quand les choses vont mal, les meilleurs ce sont les absents. Et ce n'est pas juste. Bien sur quand il s'agit de toi, ça te plait, mais c'est injuste. Au Barça, ce n'est pas que Puyol qui manque, mais beaucoup d'autres choses : il faut être cohérent, nous avons de nouvelles recrues et il y'a un nouvel entraineur avec un projet qui recquiert du temps. C'est une question de groupe. Messi lui même ne peut tout seul changer le cours d'un match, plusieurs fois. Il ya des moments, les gens ne comprennent pas. Avoir joué te donne une autre vision.

Comme celle que tu peux avoir à partir d'un banc pour la nouvelle vie qui t'attend 
Hombre, je me vois dans le football.

Quand tout sera fini, qu'est ce que vous pensez faire ?
Je veux me former, humainement et footballistiquement. Apprendre l'anglais, par exemple.

Mais ça fait longtemps que vous le dîtes. Vous n'y avez pas encore progressé?
Si tu poses des questions, je te comprend, mais le parler me coûte.

La peur de se sentir ridicule ?

Non, je peux parler anglais sans honte. Je suis content de me tromper, parce que des fois, je suis tellement auto-exigeant qu'à la fin, tu apprends de tes erreurs. Mais bon, je dois  m'améliorer en anglais et avoir le diplôme d'entraineur ou de directeur sportif parce qu'en fin de compte, c'est un monde nouveau. C'est ce qui se passe pour Puyi. Je parle beaucoup avec lui et il se plaint : "C'est clair que des fois, les choses ne se passent pas toujours comme tu le voudrais". On aime tellement jouer qu'on a du mal à se réfléter dans ce nouveau rôle.

Lui, il a toujours été bien situé

Je veux rester dans le football. Cruyff m'a dit un jour que la meilleure chose dans notre vie c'est de jouer, mais que la chose la plus proche de cette sensation c'est d'être entraineur. J'aime me lever et savoir que je vais sentir la pelouse, écouter le toucher du ballon : c'est ma vie.

Dans  5 ou 6 ans, au mieux nous sommes entrain de parler du Barça de Xavi comme nous parlions de celui de Guardiola ?

Je ne sais pas, j'espère. Dans cette maison qui plus est.

Sûrement! Vous m'avez raconté que votre ancienne maison mesurait 100 mètres carré. Et celle où vous vivez actuellement ?

Eh bien... 180.

Un appartement au centre? 

A côté du stade.

Tu y vas en marchant? 

Je ne peux pas, même si je marche pour aller à El Corte Ingles (magasin), avec Nuria ma femme, ou à la cabalgata de Reyes (défilé des Rois Mages), ou si je dois me promener à Terrassa, alors je mets un bonnet et 80% des gens ne me reconnaissent pas.


180 mètres ? Pour quoi plus ? Vous n'êtes pas le type de footballeur typiquement fantaisiste qui a besoin d'un manoir?

Non, bon écoute, dans la vie je sais, il existe le cliché du footballeur analphabète et idiot, mais ce n'est pas comme ça. Il y a aussi des gens qui aiment se montrer, mais comme partout. Comme il existe des politiques ostentatoires et humbles. 

Bon, ne m'en parlez pas.

Ouais, pour ne pas entrer dans un autre sujet. Je suis naturel, je n'aime pas me cacher. Chacun a ses besoins.

Dans les 180 mètres vous pouvez mettre un berceau ? 

Si si, même si ce n'est pas encore d'actualité. Je suis très bien avec ma femme. Je me suis marié il y a deux étés alors que nous nous connaissions depuis nos 17 ans. Pendant tout ce temps nous avions basculé de, on le fait maintenant , non pas encore, tu me comprends ? Et au final ça s'est fait.

Dans le football vous êtes défini comme un romantique. C'est pareil en amour ? 

Si, si, je le suis, je le suis. J'ai surmonté beaucoup de choses, mais j'apprécie la stabilité, être fidèle et me sentir bien.

Vous êtes si calme, que vous rendez nerveux votre entourage ? 

Il faut savoir se contrôler, et c'est ce que je fais. Dans des situations limites, les amis me disent :" Mec, tu ne t'énerves jamais ? ". Bon, écoute, je garde ça en moi. Je médite beaucoup, je pense à beaucoup de choses tous les jours.

À quoi ?
A tout, à la famille, aux amis, les piliers de base. Et le football. Trois piliers.

Et dans ce pays, entouré de corrompus, comment vous vous sentez ?

Eh bien déçu. Tu vois qu'il y'a eu corruption , qu'il y'en a toujours et tu t'y attends..., tu donnes ton vote et en retour tu as une grande déception, vraiment.

Au point que l'on arrive un jour à voter pour Podemos (parti politique) par exemple ? 

(Il soupire) Je crois que l'Espagne a besoin d'un changement. Je ne sais pas lequel, mais il en a besoin. Nous avons passé 30 ans d'un parti à un autre, pratiquement, et tu te rends compte qu'ils nous ont trompé.

Vous qui revendiquez la noblesse et le style sur le terrain. Comment vous les définiriez ? 

Plus dans un monde où tout peut arriver et dans lequel quelques joueurs sont devenus des fonds d'investissements. Si, il existe des cas. Je ne me vois pas dans cette situation, mais il y a des gens qui viennent de pays avec des situations compliquées et ils peuvent facilement être trompés : regarde, signe ici, et je t'emmène en Europe. Mais avec 50%. Je te vend le paradis... Et ils signent n'importe quoi. Ceux d'ici n'en ont pas besoin. Quant à la noblesse, de ce que j'ai vu à la maison, mais j'ai aussi eu la chance de croiser des entraineurs très loyaux. Mes formateurs, Joan Vila au Barça, mon père footballistique. Van Gaal, un des mecs les plus honnêtes que j'ai pu voir dans ma vie. Guardiola, Tito, Del Bosque, Luis Aragonés, au passage... Tu peux penser sans le connaître que c'était un monstre (sens péjoratif), mais il est toujours là pour t'aider, tu l'appelles pour lui demander comment il va et il te répondrait : "et vous voulez quoi". "Non, non, Mister, c'est juste pour voir comme vous allez". "Ouais, mais et vous voulez quoi, pourquoi vous appelez..."

Vous êtes quelqu'un d'empathique, de ceux qui appellent les gens pour savoir comment ils vont ? 

Maintenant je suis plus WhatsApp, tout le temps. Ils m'ont élevé comme ça. Pour certains c'est une vertue, pour d'autre une contrainte, mais des fois c'est presque un défaut parce que tu souffres tout le temps pour les autres. Mes parents, sont comme ça, beaucoup. Ma mère a un grand cœur. C'est la plus altruiste que j'ai vu dans ma vie. La poule et ses poussins, elle vit pour les autres, elle l'a fait durant toute sa vie.

Vous avez des manies ?? 

Aller à la cueillette des champignons.

Hombre ! Il ne faut pas s'inquiéter pour ça.  

Ah, non ? Eh bien on me fait remarquer que c'est une bizarrerie, les mêmes qui m'appellent le jardinier, parce que je m'entête avec l'état du terrain. Le football est l'unique sport sans règle général pour la superficie (de la pelouse). Je suis aussi très têtu et très impatient, les choses doivent se faire tout de suite. Je ne veux pas que ça se traîne. Je suis autant à cheval sur les horaires que sur la valeur du temps libre. Je le passe avec ma femme, qui est comme moi, tranquille, zen, elle aussi rien ne l'énerve, incroyable. Je m'énerve plus qu'elle, elle est calme, elle prend son temps pour le petit-déjeuner, c'est  mieux, vraiment.

Maintenant que c'est du passé, en changeant de sujet, votre envie d'apprendre l'anglais m'a donné une piste : vous allez à New York.

J'étais sur le point d'y aller cet été, c'est Luis Enrique qui m'a convaincu de rester. Nous partions déjà. Il a été très clair : si tu le mérites, tu vas jouer. C'est comme ça tout le temps, non ? Il a été très honnête.

Mais, voyons voir, Luis Enrique arrive ici, rencontre Xavi, et il ne le traite pas comme son égal ? 

Il m'a très bien traité, très bien. Avec un respect total. Il m'appelle Pelopo. Il m'a toujours appelé comme ça, depuis l'époque où on jouait ensemble. Mes coéquipiers actuels m'appellent Maqui (maquina : la machine), parce que je suis comme ça tous les jours : maquina, maquina ! Mais lui, Peolopo, parce que sa génération m'appelait comme ça.

Et pourtant, il a été critiqué depuis la défaite au Bernabeu. 

Je le vois très tranquille. Mais c'est le Barça, et ici ils vont te critiquer. On en a parlé dans le vestiaire, il ny'a pas à être dépendant des éloges ou des critiques.

Vous vivez encore de votre passé glorieux ?

Non, on peut pas vivre comme ça, le football c'est le présent. En ce qui concerne l'égo et la tranquillité intérieure, très bien. J'ai tout gagné non ? Mais je continue à être sous pression. Je lis la presse sportive tous les matins, je sais que je vais y trouver des critiques et j'aime les affronter. Je souffre, je m'implique. Je ne suis pas de ceux qui se relâchent. Je pense  toujours à ce qu'on peut améliorer,  et comment on peut conquérir les gens.

Vous vous souvenez de cette situation où vous deviez remplacer Guardiola à son poste et que tout le monde marmonnait ? Maintenant c'est vous qui êtes en train de la vivre mais de l'autre côté. Vous voyez qui comme votre possible succésseur?

Difficile, mais ça m'a conditionné à être prêt pour jouer, je cherchais à être moi-même et les autres me voyaient comme le nouveau Guardiola. J'ai continué à être naturel. Dire maintenant qui je vois comme mon successeur serait très arrogant de ma part. Regarde au Barça ceux qui peuvent faire 10 ans de carrière : Busquets, 26 ans, Sergi, Samper, Iniesta, Rafinha...

Vous croyez que Thiago reviendra ?

Difficile. Une fois que tu es parti, revenir c'est difficile. Mais il y a un niveau extraordinaire et si on regarde la sélection, on voit que le football espagnol a progréssé, mais à un niveau fabuleux, parce que nous y avons cru. Maintenant ça n'existe pas la malchance, ni la négativité, ni les excuses comme l'arbitre ou les pénaltys, on a laissé ça. Nous ne devons pas non plus penser que l'on peut gagner tout le temps.

Celui qui a su se retirer à temps c'est Guardiola, je fais référence au banc du Barça. 

On ne sait jamais, peut-être il serait resté deux ou trois ans supplémentaires et que ça aurait bien marché.

Il s'est dit qu'il ne se sentait pas capable de motiver des joueurs qui avaient tout gagné

Jouer contre nous-même, c'est à dire, contre ce que l'on a pu réussir pendant l'ère Guardiola, c'est difficile en soit. Mais la motivation ne se perd jamais et j'en suis ravi. Je suis le classement, je fais mes suppositions, je regarde les adversaires,  et j'essaie de faire un pronostic mental.

Mais ça c'est être motivé ou être perfectionniste ?

Les deux.  Et l'équipe aussi, je les vois comment ils s'entrainent, et ça me plait, je les apprécie beaucoup ces gars.

Ce sont les gènes de la Masia. Comment étaient ces années là ?

Je ne dormais pas ici, mais des fois je restais manger. Donc je ne l'ai pas vécu intensément. En parlant avec les internes, c'était très dur. Si j'ai un gosse et que je vis à Huesca et qu'il doit passer par là, je crois que je ne le laisserais pas. Mais pas qu'ici, nulle part ailleurs.

Non ?

C'est difficile, tu l'enlèves de son environnement, mais c'est compliqué pour les parents aussi hein.  Dur et encore, ici ils te traitent comme personne, attention. 

Vous par exemple, si vous n'aviez pas réussi, vous aviez un plan B ? 

C'est que je suis têtu, je m'obstine. 

Comme quand Iker Casillas et vous, vous vous obstiniez à apaiser l'ambiance après les querelles et les tensions des Madrid-Barça pendant l'ère Mourinho ?

Il m'a appelé pour me demander ce qui se passe. J'ai répondu : "Tout va bien ?". Et il m'a esquivé:"non tout va bien, non". On s'est détaché de tout. Bon, normal, non ? Mais finalement on a convenu que ça ne pouvait pas continuer comme ça parce que nous étions en train de donner une mauvaise image, très triste. Que nous essaierons d'apaiser les tensions, parler avec nos coéquipiers et nous calmer. C'était une image indigne pour le football mondial, les gosses du monde entier nous regardent. Ils se voient en nous, en chaque geste. De même que nous leur donnons envie d'acheter des chaussures comme les nôtres, nous pouvons aussi leur transmettre cette envie de se battre, et ça non.

La rivalité ça passe, mais la rancœur...


Je suis un ami de Iker, nous sommes en contact. Nous nous félicitons pour les titres. Nous voulions tous gagner, mais pas à n'importe quel prix. Dans ces histoires, nous avons tous été coupables, attention, hein. Tu ne peux pas dire que c'était seulement un qui s'excitait, parce qu'au final, le geste, l'action, tu le fais toi, et ça ce n'est pas faisable. Chacun d'entre nous était responsable de ses actes, et là nous avions tous mal agi. Surtout qu'après nous devions former un groupe pour la sélection et en ceci Del Bosque était bien placé pour calmer tout le monde. 

 

Un grand merci à Jade et TS pour leur aide.


Source: El Pais

Posté par Clément
Article lu 5905 fois