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En Une | Pep Guardiola | mercredi 27 janvier 2016 à 08:44
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Cela fait 25 ans que Guardiola a fait ses débuts en équipe première du Barça, voici comment se sont déroulés ses débuts en tant que coach.
Certains sont convaincus que le jour où Guardiola a pris sa retraite de footballeur, il a pensé à devenir coach, peut-être même avant. Apparemment, il était prévu qu’il parte pour la Juventus, mais le départ de Zidane a changé les plans du club, et il choisit de rester malgré tout en Italie où il a appris une approche différente du jeu dans la modeste équipe de Brescia. Il a rejoint ensuite la Roma de Capello, puis est revenu à Brescia pour s’envoler au Qatar deux ans plus tard.
Pep n'a commencé son nouveau travail qu’en 2005. Quelques offres sont parvenues d’Angleterre à la fin de sa carrière mais il les a toutes rejetées. Il ne voulait plus être footballeur ; il allait devenir coach. À mi-parcours de son apprentissage, une opportunité s’est offerte à lui : Juan Manuel Lillo l’appelle au Mexique.
Six mois plus tôt, l’entraîneur de Tolosa a signé chez les Dorados de Sinaloa, un club de première division du championnat mexicain fondé deux ans auparavant. Il proposa donc à Pep de faire partie de son projet. Josep Guardiola n’a pas hésité ; son dernier défi sera de jouer dans un club mexicain qui va tenter d’éviter la relégation, dans l’une des villes les plus dangereuses du monde. Lillo était le coach et Pep avait beaucoup à apprendre. Sa carrière de footballeur se termina au Mexique, mais il aurait pu arrêter avant. En 2000, Il aurait pu être directeur sportif du Barça si Lluís Bassat avait été élu président. Pep, en pleine campagne, a toujours déclaré qu’il choisirait Juanma Lillo comme coach, en attendant que Koeman termine sa dernière année de contrat à l’Ajax. Leurs chemins se sont donc à nouveau croisés à Culiacan, la capitale de Sinaloa.
Pep arrivait au Dorados avec la promesse d’être très proche du coach. Lillo le considérait comme son extension sur le terrain et lui donnait des responsabilités de telle façon qu’on aurait pu penser qu’il avait les rôles de footballeur et de coach à la fois. Son leadership, son expérience et le niveau modeste du championnat justifiaient le fait qu’il devait avoir plus d’importance que les autres joueurs de l’équipe. Durant les entraînements, il n’hésitait pas à parler aux joueurs afin de corriger leurs défauts et les aider à progresser aux niveaux technique et tactique. Parfois même, le maître et l’étudiant restaient ensemble après les entraînements. Il étudiait les adversaires, anticipait les scénarii possibles pendant le match et s’informait sur les catégories de jeunes. Sur le terrain, il continuait à coacher comme il l’a toujours fait, et en-dehors, quand il était indisponible, on pouvait voir des scènes devenues familières, avec Pep donnant des conseils depuis la ligne de touche. Tenue décontractée, il ne se trouvait pas sur le banc mais juste à côté de Lillo, et les conseils donnés lors des entraînements étaient de ce fait plus enthousiasmants lors des matchs. Lillo, qui était un coach plutôt calme, laissait la zone neutre à Pep pour faciliter la transition de joueur à coach.
À Culiacan, Josep ne se contentait pas seulement de s’approprier la méthodologie de Lillo. Quand il a atterri sur le territoire Aztèque, l’Argentin Ricardo La Volpe entraînait l’équipe nationale, après avoir coaché de nombreux clubs mexicains. Grâce à sa philosophie, il a pu influencer le championnat, donnant naissance à la célèbre école Lavolpista parmi les entraîneurs mexicains. On peut citer par exemple Daniel Guzmán, entraîneur d’Atlas de Guadalajara, Rubén Omar Romano à Cruz Azul, José Guadalupe au Club León et Miguel Herrera à Monterrey. Même s’il n’a jamais croisé La Volpe au Mexique, Guardiola essayait de s’inspirer de sa philosophie. Les phases de construction en défense étaient ce qui l’intéressait le plus. En juin 2006, Pep écrit ceci dans El Pais :
“Ricardo La Volpe, coach argentin et mexicain, veut que sa défense se charge de la construction des actions, et non pas de les commencer uniquement. Le constat de La Volpe est que : "En général pour construire les actions, les défenseurs multiplient les passes entre eux sans avoir une vraie idée ou plan de jeu, avant d'envoyer de longs ballons devant". Mais La Volpe les force aussi à faire autre chose ; il veut que ses joueurs avancent avec le ballon. Si un seul d’entre eux le fait, ça ne sert à rien, ils doivent le faire tous ensemble”.
C’est ce que Guardiola a écrit sur la sélection mexicaine lors de la Coupe du Monde 2006, où la “construction à partir de la défense” Lavolpienne a été effectuée lors d’un grand tournoi. Il s’agit d’avancer avec le ballon en partant de la défense avec trois joueurs simultanément alors que les latéraux exploitent les ailes pour élargir le terrain, les défenseurs centraux se séparant pour laisser ainsi un espace de jeu au milieu défensif. Dans cette méthode, les trois protagonistes de La Volpe étaient Ricardo Osorio, Carlos Salcido et Rafael Marquez.
Curieusement, et malgré l’admiration qu’avait Guardiola pour ce système, quand lui et Rafa Marquez étaient à Barcelone, il ne l’a pas appliqué. L’acteur principal dans la méthode Lavolpienne est le milieu défensif et si Marquez avait ce rôle avec La Volpe, ce n’était pas le cas avec Guardiola qui l’a positionné en défenseur central. Il a essayé de l’appliquer lors de sa deuxième saison en tant que coach, sans Marquez qui était blessé et qui avait du mal à retrouver la forme, mais avec Yaya Touré. L’Ivoirien avait des difficultés pour comprendre les changements de position nécessaires pour trouver Xavi, et Guardiola, se rappelant de ce qu’il a appris au Mexique, a positionné Touré entre les deux défenseurs centraux afin qu’il puisse utiliser l’espace nécessaire pour avoir le ballon. Busquets s’est ensuite révélé être un joueur de classe mondiale et le partenaire parfait de Xavi, et comme la méthode Lavolpienne n’a pas donné les résultats escomptés, Guardiola abandonna cette idée.
L’expérience de Pep au Dorados de Sinaloa ne s’est pas bien terminée. Même s’ils ont fini la saison assez loin de la zone de relégation, ils ont été relégués à cause du critère de pourcentage (critère de départage calculé à l'aide des résultats des trois dernières saisons (nombre de points / nombre de matchs joués)). Guardiola est donc revenu en Espagne dès son apprentissage de coach terminé. Il était finalement devenu l’un d’eux, un coach, pour un moment, peut-être même pour toujours. Le FC Barcelone lui demanda donc de revenir et de coacher le Barça B.
Le reste, c’est de l’histoire.
Source: Albert Morén, via Grup 14
Posté par Kris87
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