En Une | Ivan Rakitic | mercredi 30 mars 2016 à 17:52
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Arrivé en 2014 pour prendre progressivement la place de Xavi au sein du onze catalan, le Croate se distingue cependant de l'illustre milieu de terrain du Barça par des caractéristiques propres et plus adaptées à la philosophie de jeu de Luis Enrique.
Certains prétendent que la philosophie de Pep Guardiola n’aurait jamais autant réussi s’il n’avait pas pu compter sur Xavi Hernandez dans son équipe. On ne peut qu’être tenté de les croire. Ce dernier n’était pas seulement la plus importante pièce au sein du système mis en place par le technicien catalan, c’était aussi la représentation de toute une philosophie, une doctrine footballistique qui, impulsée par Johan Cruijff, aura inspiré bien d’autres équipes par la suite. Selon certaines critiques, la retraite de Xavi aurait engendré par ailleurs l’effondrement de tout ce système reposant sur le Tiki-Taka. C’est dire son importance au sein du collectif catalan.
Finalement, le jour où Xavi se déciderait à quitter son club de toujours arrivait. Le joueur, au crépuscule de sa carrière, désirait tenter une expérience au Qatar avant, peut être, de devenir entraîneur. Le monde entier imaginait alors le vide qu’allait provoquer ce départ au sein du milieu de terrain blaugrana. Pelopo était en effet au club depuis 1991 et avait écrit en son sein l’une des plus belles pages de son histoire. Le chef d’orchestre de la Pep team, c’était lui.
Mais le Barça, anticipant ce départ, lorgnait déjà sur un autre Maestro, un joueur qui régnait en tant que maître sur le milieu de terrain du FC Séville. Né en Suisse de parents croates, Ivan Rakitic s’était en effet bâti une solide réputation en Liga durant ses trois saisons passées dans le club andalou, de 2011 à 2014. Le Barça, décidé à ne pas s’affaiblir, ne perdait pas de temps pour signer le Croate qui fut rapidement désigné comme le successeur naturel de Xavi. Cependant, le joueur lui-même souhaitait conserver sa singularité. Lors de sa présentation, il déclarait « vouloir réussir en tant qu’Ivan Rakitic ». A la même période, Davor Suker, président de la fédération croate de football, se montrait élogieux à son sujet : « Rakitic marquera l’histoire du Barça, c’est un crack. Il a le même style de jeu que Bern Schuster. Il marquera entre 10 et 12 buts par saison en Liga ». Et effectivement, en peu de temps le nouveau numéro 4 blaugrana est devenu l’une des pièces maitresses du nouveau Barça de Luis Enrique. Mais cela est-il suffisant pour considérer Rakitic comme le successeur de Xavi au cœur du jeu barcelonais ?
Un même poste, des caractéristiques différentes
Il y a une grande divergence entre Xavi et Rakitic dans le style de jeu. Même si leur poste semble être le même, leurs caractéristiques respectives sont très différentes. Xavi, par définition, était un vrai meneur de jeu. Œuvrant dans une zone plus ou moins rapprochée du centre du terrain, le numéro 6 dictait le tempo de la machine catalane, contrôlait la domination au milieu de terrain et demeurait maître dans l’art de conserver le ballon quand cela était nécessaire. Pour Xavi, tout se résumait en deux mots : positionnement et placement. Le Catalan effectuait de nombreuses petites passes et attendait le meilleur moment pour lancer l’attaque qui briserait la défense adverse.
Rakitic, de son côté, est une espèce plus moderne de milieu de terrain qui se rapproche de ce que certains appellent le « milieu box-to-box ». En ce sens, son entraîneur Luis Enrique ciblait l’une de ses nombreuses qualités utiles à l’équipe. Souhaitant un homme à tout faire dans son milieu à trois, l’ex-entraîneur du Celta Vigo livrait son analyse : « il a une présence physique qui nous fait du bien ». En effet, l'abattage monstrueux du numéro 4 au sein de l’équipe aide sur plusieurs aspects. Le Croate a notamment la particularité d’être une pièce majeure du système du Barça, que ce soit en attaque ou en défense. En plus d’aider Busquets dans le travail de récupération au milieu de terrain (forçant parfois l’adversaire à axer ses attaques du côté du relayeur opposé), Rakitic participe aux phases offensives avec brio, épaulant Messi, Suarez, Neymar et Iniesta au moment de trouver une faille dans la défense.
Pour faire simple, l’ancien sévillan rassemble à lui seul toutes les qualités requises d’un milieu de terrain, chose que les entraîneurs apprécient énormément de nos jours. Rakitic court. Rakitic défend. Mais Rakitic possède aussi un jeu long extraordinaire et effectue de magnifiques diagonales qui ont aidé plus d’une fois le Barça à forcer des défenses bien regroupées, des équipes qui « garent le bus ». Enfin, l’on peut également souligner une excellente frappe de balle, que le joueur soit à mi-distance ou d’une position un peu plus lointaine. Son premier but sur la pelouse du BATE Borisov en octobre dernier en est d’ailleurs la preuve. Tactiquement, ces frappes lointaines peuvent être très bénéfiques : avoir Rakitic à l’entrée de la surface oblige un défenseur à sortir rapidement sur lui, ce qui libère automatiquement un espace dans son dos.
Le but, ami ou ennemi ?
Une autre différence fondamentale concerne la finition. Malgré la présence de la MSN qui concentre à elle seule presque tous les buts inscrits par le Barça, Rakitic est et a toujours été un très bon buteur tandis que Xavi avait surtout pour rôle de voir les espaces et de s’ouvrir un accès vers le but avant de transmettre le ballon à Messi ou Villa qui, eux, s’occupaient de conclure. Si Iniesta a marqué à la dernière minute face à Chelsea et a permis au Barça de se qualifier en finale de la Ligue des champions en 2009, Rakitic démontre quant à lui qu’il est une menace perpétuelle devant le but, bien plus que Don Andres. De plus, sa lucidité et son endurance lui permettent également d’apporter sa présence dans la surface de réparation pour faire le surnombre en attaque placée, notamment quand Alves ou Alba se retrouvent en position de centrer sur les côtés.
De l’autre côté, Xavi a toujours été l’architecte du milieu. Il observe, réfléchit, distingue les mouvements de ses coéquipiers et détecte les espaces à exploiter. Selon certains, il a ce « truc » qui lui permet de toujours trouver le bon joueur au bon endroit. Que ce soit sur la longueur du terrain (grâce à la limite du hors-jeu) ou sur la largeur (avec un intervalle trouvé entre deux défenseurs qui n’auraient pas assez resserré le marquage), Pelopo parvient à trouver des angles de passes d’une part, et un tempo d’autre part qui, années après années, n’ont toujours pas réussi à être parfaitement maîtrisés par les défenses adverses. Sa vision du jeu et son intelligence aboutissent souvent à une situation que même le spectateur n’a pas imaginée et qui ne laisse aucune autre option au joueur qui reçoit le ballon que marquer (*).
Xavi, à son apogée, était cependant confiné à certaines zones du terrain. C’était un joueur ayant l’habitude de se placer à l’entrée de la surface avec l’objectif de trouver une passé clé qui permettrait de débloquer la situation. L’une de ses faiblesses, cependant, était de ne pénétrer que très rarement dans la zone clé. Cela avait parfois pour conséquence que Barcelone avait du mal à marquer quand Messi n’était pas dans un bon jour. La beauté d’un joueur comme Rakitic passe justement par cela. Il couvre plus de zones sur le terrain, d’une surface à l’autre, de la défense à l’attaque. De la verticalité, mais pas seulement : les montées de Dani Alves sur le flanc droit laissaient très souvent des espaces à exploiter à l’adversaire, espaces que Xavi n’était pas capable de couvrir. Mais Rakitic, pour sa part, a déjà démontré par le passé ses facultés défensives en couvrant cette zone stratégique, coupant ainsi toute possibilité de contre-attaque quand son équipe perd le ballon sur une attaque placée, c'est-à-dire quand le bloc est haut.
Ainsi, compte tenu de ces éléments, il va de soi que les deux milieux de terrain sont très différents l’un de l’autre. Chacun se montre unique, de par ses qualités offensives ou défensives. Mais même si l’héritage de Xavi est un poids très lourd à supporter (certains parlent à juste titre du meilleur milieu de terrain espagnol de toute l’histoire du football), Ivan Rakitic s’est pour sa part forgé une place à part entière dans l’effectif blaugrana en très peu de temps et apporte à l’équipe de Luis Enrique des éléments différents de Pelopo mais tout aussi essentiels à l’équilibre collectif. A son arrivée, le Croate déclarait : « En règle générale, je m’éclate là où je peux donner le meilleur de moi-même à l’équipe. Mais je serais disponible à 100 % dans tous les postes ». Et l’adaptation s'avère être une franche réussite.
(*) Pour plus de détails sur le génie de Xavi, vous pouvez également vous reporter à l’article suivant : « Xavi et la pausa : le génie sans statistiques », publié par Ayoubaoui le 22 janvier dernier.
Source: Sportskeeda.com
Posté par Senox10
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