Array Atlético-Barça : Histoire d'un western - FC Barcelona Clan

En Une | Champion's League | mardi 12 avril 2016 à 18:49  | Ajouter aux favoris / Partager  | Email

John Wayne l'expliquait dans Fort Apache : "Si vous les voyez, c'est que ce ne sont pas des Apaches."

Depuis quelque temps, les rencontres entre le Barça et l'Atlético ressemblent à des westerns. Ce sont de vrais duels et non des matchs. Les résultats ne s'inscrivent plus en forme de statistiques, mais plus en une sorte de généalogie. A chaque nouveau round, c'est le danger. Parfois c'est un danger mental qui commence rien qu'en imaginant le début de la rencontre. A sa manière, un Atlético - Barça est un choc entre deux mondes. L'équipe de Luis Enrique attaque en bloc, avec appétit mais sans lever la voix. A peine entend-on leur souffle, mais quand ils accélèrent, leurs talons s'enfoncent et arrachent le gazon. Leurs rivaux n'ont pas le temps de souffler, et restent plusieurs fois bras ballants, à regarder comment Neymar ou Messi en finissent avec eux. John Wayne l'expliquait dans Fort Apache : "Si vous les voyez, c'est que ce ne sont pas des Apaches." Il y a des jours où les joueurs du Barça te font croire qu'ils sont plus de onze sur le terrain. Ils ont un homme dans les escaliers, un autre au bar, un, appuyé à la porte, un autre jouant au piano et encore un, infiltré dans la partie de poker qui se joue à l'autre bout de la salle. Peut-être même que le serveur est de la partie. Ils sont tellement bons et mortels que même leurs rivaux donnent l'impression qu'ils jouent pour eux. 

Tout parait jouer contre l'Atlético. On a l'impression qu'ils sont arrivés à ces éliminatoires sur des poneys, et ayant peu de munitions. Dans la rue il fait chaud, le vent déplace la poussière et les fenêtres se referment avec un bruit lugubre qui ravive la peur. Le football du Barça aime dévaster les endroits par lesquels il passe, laissant l'adversaire perdu au nom de la beauté. Simeone, cependant, a entraîné son équipe à errer sans peur, et même sans eau pour le désert, à la recherche d'un but. Ce n'est pas important s'ils ne donnent pas l'impression qu'ils attaquent. Ils se sont accommodés à l'ennui, même qu'ils y ont trouvé un certain amusement.  En annihilant leurs adversaires, les poussant à se sentir impuissants et s'appropriant cette frustration pour en faire un manteau qui leur permet de sortir dans le froid et contre-attaquer, il y a aussi de la beauté. Il s'agit seulement de marquer un but au moment propice. 

Ces dernières années, nous avons noté le peu de choses dont a besoin cette équipe pour vaincre. Parfois, il suffit d'un centre en pleine surface. L'adversaire a le ballon, menait la discussion et tout paraissait sous contrôle, au calme, comme dans un plan de Sergio Leone où on voit à peine un chien errant dans la rue et où on entend le bruit d'une rocking-chair sur un perron poussiéreux. Et juste après, but de Griezmann et tout est fini. Une minute avant, avec une équipe encerclée, un défenseur adverse, en l'absence de danger, finissait de dire à son coéquipier "C'est bon, je veille". Mais... quand on veut se rappeler comment joue l'Atlético, et même si ça ennuie, il faut regarder Rio Bravo. Dean Martin est l'adjoint du Sheriff. Il enchaîne beuveries et cuites. Un jour il poursuit un tueur qui se cache dans le saloon. "Personne n'est entré ici" dit la clientèle complice. Martin est sur le point de partir quand il voit une goutte de sang tomber dans une chope de bière. Alors il se retourne avec une élégance innée et tire un coup de feu vers le haut, presque sans voir. Malgré sa cuite, le fait qu'il soit un tireur d'élite fait que comme pour l'Atlético, un seul coup aura suffi pour que le fugitif s'effondre.


Source: El Pais

Posté par Jade
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