Les faits et le jeu
Quatre jours après son déplacement victorieux à Majorque, le Barça devait enchainer un nouveau déplacement, encore plus périlleux, sur la pelouse de Valence, troisième au classement et deuxième meilleure équipe du championnat depuis la reprise avec 11 matches sans défaites. Pour ce match compliqué dans un stade où il n’avait jamais réussi à repartir avec les trois points, Pep Guardiola choisissait de chambouler son onze de départ et l’organisation tactique avec un 3-5-2 modulable en 5-3-2.
Ainsi on retrouvait une défense à trois construite autour de Busquets avec Piqué à droite et Abidal à gauche, épaulé sur les ailes par Alves et Adriano, ses derniers ayant pour consignes de se positionner haut pour occuper toute la verticalité des couloirs. Au milieu, devant la défense, c’est Mascherano qui occupait le poste de pivot tandis que Xavi et Iniesta se positionnaient en relai de Villa et Messi, les deux seuls attaquants alignés par Guardiola ce soir. Exit Maxwell et exit Pedro, ce dernier ayant clairement besoin de repos après plusieurs performances en demi-teinte notamment sur le plan physique. Puyol et Valdes, blessés n’étaient pas sur la feuille de match.
Côté Valence, Mathieu était positionné milieu gauche pour contrer Alves, tandis que Mata et Pablo étaient chargé d’animer le front de l’attaque, Soldado étant laissé sur le banc malgré la blessure d’Aduriz.
Les premières minutes étaient clairement à l’avantage de Valence. Très présent au milieu, les joueurs à la chauve-souris se permettaient le luxe d’asphyxier les Catalans dans leur moitié de terrain. Peu à l’aise dans le schéma tactique imaginé par Pep, les Blaugrana souffraient, concédant plusieurs corner, mais arrivaient malgré tout à ne pas céder. Et après 10 minutes compliquées, ce sont eux qui se créaient une occasion en or, ou plutôt devrait-on dire une triple occasion en or puisque Messi butait à trois reprises sur Guiata après une récupération très haute d’Alves (9’). Cette énorme alerte sur la cage de Valence sonnait le rééquilibrage des débats avec un Barça un peu plus dominateur au milieu. C’est toutefois au moment où la Pep Team commençait à prendre la mesure de son adversaire que celui-ci se montrait le plus dangereux avec un but refusé pour un hors-jeu de quelques centimètres (20’).
Tactiquement, le 5-3-2/3-5-2 ne fonctionnait pas avec un Adriano perdu dans son positionnement, souvent trop bas, et quelque peu à son avantage au moment de faire les dernières passes ou de tirer (27’). Car le paradoxe de ce match c’est que l’essentiel des attaques se sont produites côté gauche et non côté droit ou Alves a été quelque peu sevré de ballon. Globalement l’occupation du terrain et le pressing étaient médiocres côté Barça et cela se ressentait dans la possession de balle anormalement basse. De plus certains joueurs comme Iniesta se montraient en dessous de tout dans la conservation et l’exploitation du ballon.
Ces difficultés n’empêchaient cependant pas Messi de se créer une nouvelle occasion incroyable ; Récupérant le ballon dans les pieds de Dealbert, le petit numéro 10 argentin se présentait face au gardien mais piquait sa balle au-dessus de la transversale (31’). Le spectre de l’Emirates ou Messi avait également manqué plusieurs occasions très franches planait sur Mestalla. Miraculé, Valence faisait le dos rond jusqu’à la pause résistant à plusieurs nouveaux assauts via Villa (39’, 41’)et Adriano (42’).
Au retour des vestiaires, Emery lançait Soldado à la place de Joaquin, touché et invisible en première mi-temps. Pep Guardiola lui ne changeait rien à son dispositif. Globalement dominateur, le Barça peinait à trouver sa fluidité habituelle au milieu, Xavi étant un peu trop seul aux manettes face à Banega et Tino Costa. Et après une bonne opportunité pour Villa (49’), c’est Valence qui se créait les meilleures occasions avec Saldado (52’), et surtout Pablo par deux fois (54’, 59’). Cette dernière occasion par Pablo, une frappe enroulée juste à côté suite à une contre-attaque, eut le mérite de piquer les Catalans, avec en guise de réaction une frappe de Messi léchant l’extérieur du poteau gauche de Guaita (61’).
Dans la foulée, Guardiola décidait enfin de remanier son onze et sa mise en place tactique avec l’entrée de Pedro pour Mascherano. Retour au classique 4-3-3 avec le trio MVP devant, Busquets en pivot et Adriano en arrière gauche. Néanmoins, dans les faits, cela ne changeait dans l’immédiat pas grand-chose, Iniesta se montrant toujours aussi peu à son avantage au milieu, tandis que Messi semblait en mode veille, proposant peu d’appels et de solutions. C’est d’ailleurs Valence via Mata qui se montrait le plus proche d’ouvrir le score suite à une très mauvaise relance d’Abidal. Heureusement Piqué veillait au grain et dégageait en corner (70’).
Et alors que le match commençait de plus en plus à s’enfermer dans la perspective inexorable du 0-0, un beau travail d’Adriano délivrait un centre en retrait à Messi que ce dernier expédiait dans les filets malgré les efforts du gardien. But pour le Barça et but pour Messi, enfin, après tant de ratés (0-1, 77’). Dans la foulée, Villa manquait de corser l’addition bien servi par Messi.
La fin de match était serrée avec un Valence entreprenant mais impuissant. Maxwell et Keita faisaient leur entrée. Le score ne bougeait plus. De même que le dos de Guardiola, cloué sur son banc avant de l’être sur un lit d’Hôpital. Le Barça repart de Valence avec les trois points de la victoire et une avance provisoire de 10 unités sur le Real. Même quand il joue une excellente équipe, même quand il est moins bien, même quand il est peu réaliste, ce Barça continue d’engranger. Implacable.
Les joueurs :
Pinto : 5
Très sûr sa ligne mais nettement moins dans son jeu au pied. Globalement peu sollicité. Deux grosses mésententes avec Piqué avec du retard à l’allumage concernant les sorties.
Alves : 6
Le jeu a moins penché à droite que d’habitude et cela s’est ressentie dans son rendement offensif. Un match appliqué et sérieux. Il chipe un ballon en première mi-temps qui aurait dû permettre à Messi d’ouvrir le score.
Piqué : 7
Très belle copie rendue par wakawaka. Bien placé, autoritaire dans les duels.
Busquets : 7,5
Il a joué une heure libéro avant de remonter au milieu. Dans les deux positions, il a été très bon. Sa qualité technique, son sang-froid, sa vision et son intelligence tactique sont un régal.
Abidal : 6,5
Une erreur de relance vient tâcher une prestation à nouveau très solide.
Adriano : 6
Tactiquement il a eu beaucoup de mal à trouver le bon positionnement dans le schéma en 3-5-2 concocté par Pep, ne sachant pas trop s’il devait jouer comme un arrière ou un ailier. Sa première mi-temps a été peu convaincante avec de l’imprécision dans les passes qui comptent et des appels dans le couloir manquant de tranchant. Ses frappes n’ont jamais réussi à accrocher le cadre. Il a été mieux en seconde mi-temps, surtout après l’entrée de Pedro et le replacement à gauche de Villa. C’est au final lui qui fait tout le travail sur le but de Messi. Vu ce que montre Maxwell depuis un an, on est en droit de demander à revoir le Brésilien en arrière gauche. Remplacé justement par Maxwell en fin de match.
Mascherano : 6
Il a fait ce qu’il sait bien faire, harceler le porteur de balle adverse et combler les trous. Remplacé par Pedro que l’on a finalement peu vu, hormis dans le replacement défensif.
Xavi : 6,5
Mieux en seconde mi-temps qu’en première. Il a porté à lui seul le milieu catalan grâce notamment à sa conservation de balle et ses passes verticales.
Iniesta : 4,5
Match à nouveau décevant du Manchego. C’est simple il a quasiment raté tout ce qu’il a entrepris avec le ballon dans le secteur offensif. Son déchet a été digne d’un Deco des très mauvais jours, et balle au pied, il n’a jamais fait ou presque de différences. Clairement dans le dur depuis janvier. Aurait besoin de souffler avant Arsenal. Remplacé par Keita.
Messi : 5,5
Un match difficile à noter. Il rate deux énormissimes occasions en première mi-temps mais donne le but de la victoire. Influent dans le jeu de son équipe en première mi-temps il a disparu de la circulation après le repos. Bref un match très inégal de l’Argentin, dont on attend plus de constance et de réalisme.
Villa : 5
Remuant, il a beaucoup proposé. En vain. A décliné physiquement au fil des minutes. Il manque le 2-0 juste après l’ouverture du score de Messi.
Fiche technique :
Valence CF : Guaita; Stankevicius, Dealbert, Ricardo Costa, Jordi Alba; Ever Banega, Tino Costa (Isco, min. 85); Pablo, Joaquín (Soldado, min. 46), Mathieu (Jonás, min. 81); Mata.
FC Barcelona: Pinto; Dani Alves, Piqué, Abidal, Adriano (Maxwell, min. 81); Mascherano (Pedro, min. 62), Xavi, Busquets; Iniesta (Keita, min. 86), Messi y Villa.
Arbitre: Iturralde González
Avertissements : Jordi Alba, Pablo Hernández, Tino Costa, Soldado ; Sergio Busquets, Messi.
But : 0-1, min. 76 (Messi).
50.000 spectateurs.