Les faits et le jeu
Après une trêve internationale qui a vu les différents sélectionnés du Barça partir aux quatre coins du globe disputer des matches d’importance très variables avec leurs couleurs nationales, la Liga reprenait ses droits samedi avec un déplacement périlleux pour les Catalans à San Sebastian. Défait l’an passé sur cette pelouse dans un contexte très particulier, avec le titre quasiment en poche et la demi-finale retour de C1 à jouer contre Madrid, le Barça entendait bien poursuivre son bon début de saison, déjà récompensé de deux titres et d’une manita contre à Villarreal.
Dans la perspective du match contre Milan en Ligue des Champions, et afin de contrecarrer les traditionnels symptômes du « virus FIFA », Guardiola décidait d’aligner une onze de départ fortement remanié en laissant de côté des cadres très sollicités, notamment les deux Argentins Messi et Mascherano, baladés par leur sélection entre l’Inde et le Bangladesh.
De fait, avec Valdes dans les cages, on retrouvait en défense, sur les côtés, Alves et Adriano autour d’une charnière inédite constituée de Busquets et de Fontas. Puyol, de nouveau opérationnel, était laissé sur le banc avec Mascherano et Abidal, Piqué étant de son côté toujours blessé. Au milieu, Keita occupait le poste de pivot, avec devant lui Xavi et Thiago, ainsi que Cesc en position de faux avant-centre avec Sanchez et Pedro dans les couloirs. Messi, Iniesta et Villa étaient sur le banc.
Face à une équipe assez joueuse, inspirée par son nouveau coach français Philippe Montanier, le Barça adoptait un plan de jeu assez simple : fixation au milieu et ballon aérien dans la profondeur pour prendre à revers la défense haute mais peu véloce des locaux. Que ce soit avec Fabregas ou avec Xavi à la baguette, la manœuvre se répétait au moins 5 fois au cours des 9 premières minutes avant de finalement porter ses fruits, avec un ballon en profondeur de Cesc pour Alexis à la limite du hors-jeu, lequel n’avait plus qu’à remettre à Xavi au centre pour l’ouverture du score (0-1, 9’). Et comme si cela ne suffisait pas, les Catalans enfonçaient le clou une minute plus tard sur le même type de mouvement avec cette fois-ci Xavi au départ pour Cesc puis Pedro. Si le Canarien, peu en réussite, butait sur le gardien, Cesc avait suivi et expédiait le cuir sous la barre (0-2, 11’).
Sur son banc, Montagnier s’arrachait les cheveux en voyant la naïveté de sa défense, et son incapacité à s’adapter au plan simple mais méticuleux du Barça. Car non content d’avoir déjà marqué deux fois de la même façon, les hommes de Guardiola continuaient méthodiquement à appliquer la recette. Mais le juge de touche choisissait de s’affirmer providentiel pour les Basques en signalant coup sur coup deux hors-jeu inexistants.
La demi-heure de jeu arrivant, le Barça commençait à relâcher son emprise, face à des Basques toujours vivants et déterminés à ne pas couler. Un surcroit d’engagement avait d’ailleurs raison de la cuisse d’Alexis Sanchez. Il devrait manquer les 2 prochains mois de compétition suite à un tacle adverse trop appuyé. C’est David Villa qui le remplaçait avec pour mission de déstabiliser une équipe désormais bien en place mais incapable de bousculer la défense expérimentale du Barça, si ce n’est sur une frappe plat du pied sans grand danger de Prieto en fin de mi-temps.
Au retour des vestiaires, la physionomie du match changeait quelque peu avec des Basques plus entreprenants. Dès la 47ème minute, Agirretxe se mettait en évidence avec une frappe juste à côté. Cet avertissement était le premier et le dernier puisque dix minutes plus tard, l’attaquant basque prenait le meilleur sur Busquets pour placer sa tête dans les filets de Valdes (1-2, 59’). Dans la foulée, Villa perdait sa boussole, et adressait une passe décisive en retrait à Agirretxe, lequel trouvait la barre transversale. Mais Griezmann, toujours au club après avoir fait la cour de l’Atletico cet été avait suivi et devançait le nonchalant Fontas pour égaliser (2-2, 61’).
Coup de tonnerre à Anoeta, avec un retournement de situation total en moins de deux minutes ! En réaction, Guardiola décidait de faire entrer Messi à la place de Thiago (63’), puis Iniesta à la place de Fontas (81’). Mais rien n’y faisait. Manquant de fraicheur à l’image d’un Messi emprunté, les Catalans n’arrivaient pas à accélérer et à trouver les décalages. Quelques frappes sans danger de Villa ou Pedro seulement, alors que dans l’autre sens, Valdes était à deux doigts d’encaisser un but gag en tournant le dos au dégagement du gardien adverse. Averti par Busquets, le portier catalan se saisissait du ballon au dernier moment, privant son homologue du plaisir rare de marquer. Impuissants, les Barcelonais ont laissé au final échapper deux points qui leur tendaient les mains. Et cela aurait pu être pire si Alves n’avait pas dégagé en corner un centre très dangereux dans les arrêts de jeu.
Tout ceci donne un partage des points rageant étant donné l’avantage et la maitrise affichés jusqu’à la mi-temps. Le Barça a sans nul doute fait preuve de facilité et de déconcentration, mais il est également tombé face à une très bonne équipe qui après un début difficile s’est bien relevé. On peut espérer en entendre à nouveau parler d’ici la fin de la saison. De son côté, Guardiola a parlé d’avertissement salutaire. Puisse-t-il être entendu par les joueurs. En attendant Madrid est à +2…
Les joueurs
Valdes : 5,5
Un jeu au pied pas toujours inspiré et un manque d’attention qui aurait pu coûter très cher en fin de match.
Alves : 6
Discret, le latéral droit brésilien a joué relativement bas, ce qui ne l’a pas empêché de servir sur un plateau Pedro en seconde mi-temps (71’). Sauveur en fin de match.
Busquets : 4,5
Il n’est pas à l’aise en défense centrale, notamment dans les duels qu’ils soient au sol ou dans les airs. Bouffé de la tête par Agirretxe sur le premier but basque.
Fontas : 4
Lent, maladroit et mal placé, il n’a pas saisi sa chance sur ce match, c’est le moins que l’on puisse dire. Pas sûr qu’il en ait beaucoup d’autres…
Remplacé par Iniesta qui n’a pas su forcer la décision.
Adriano : 5
Un match sans relief.
Keita : 5
On le préfère nettement à ce poste qui l’interdit de venir se mêler aux joutes offensives où son apport n’est en général que négatif. Il est toutefois encore loin d’être une vraie alternative à Busquets en pivot. Un match moyen, il a été plus intéressant lors des matches précédents.
Xavi : 6
Un but et une passe quasi décisive. Son emprise sur le jeu catalan a décliné au fur et à mesure que l’emprise catalane sur le match lui-même a décliné.
Thiago : 5
Une performance sans grande saveur. Il n’a pas amené la verticalité qu’on lui connait. Remplacé à l'heure de jeu par Messi, de retour du sous-continent indien, lequel n’a pas réussi grand-chose…
Pedro : 4,5
Aligné côté droit, le Canarien a confirmé son début de saison poussif. Physiquement pas au top et peu inspiré dans les 25 derniers mètres.
Fabregas : 6
Occupant le poste dévolu d’ordinaire à Messi, l’ex-gunner a montré qu’il n’avait aucune difficulté à s’adapter à une position très proche du but, comme cela avait déjà été le cas face à Villarreal, où le Catalan et l’Argentin avaient beaucoup permuté. Un passe presque dec’ et un but opportuniste : un bilan similaire à Xavi en somme. Tout comme leur trajectoire avec une seconde mi-temps assez insipide.
Sanchez : non noté
Du peps et de la disponibilité c’est ce qu’aura montré le chilien durant la demi-heure qu’il a joué avant de se blesser. En plus il offre le premier but à Xavi. Encourageant, espérons qu’il revienne vite et fort après sa blessure. Remplacé par Villa (3,5) qui n’a rien réussi et s’est même permis le luxe d’offrir un but à l’adversaire. Pas sa soirée…
Fiche technique :
Real Sociedad : Bravo ; Estrada, Demidov, Iñigo Martínez, De la Bella ; Illarramendi, Griezmann, Xabi Prieto (Cadamuro, min. 68), Zurutuza, Mariga (Aranburu, min. 79), Agirretxe (Vela, min. 79).
FC Barcelone : Valdés ; Alves, Busquets, Fontás (Iniesta, min. 81), Adriano; Keita, Xavi, Thiago (Messi, min. 62) ; Pedro, Fabregas, Alexis (Villa, min. 30).
Arbitre: Mateu Lahoz.
Avertissements : Busquets et Messi
Buts : 0-1, min. 10 : Xavi. 0-2 ; min. 11 : Fabregas. 1-2 ; min. 59 : Agirretxe. 2-2 ; min. 60 : Griezmann.