Array La Liga de retour en Catalogne: hommage à Pep Guardiola - FC Barcelona Clan

En Une | El Soci Opina | lundi 18 mai 2009 à 04:02  | Ajouter aux favoris / Partager  | Email

Le 17 mai 2009, le Barça a enlevé la Liga sans même avoir à jouer. Retour sur une saison historique...

Deux personnages représentent la Dream team 1: le maître Johan Cruyff et son poulain Pep Guardiola. Le premier a "pensé" une nouvelle forme de jeu et le second l'a religieusement prolongé sur les terrains . Connaissant l'énormissime influence de Cruyff sur toutes les décisions stratégiques concernant l'entité blaugrana, c'est donc sans surprise que son protégé se retrouvait aux commandes d'un club alors bien mal en point.

Guardiola, l'homme providentiel

Étape 1: Faire le ménage

Au lendemain de son arrivée à la tête de l'équipe A, Guardiola trouve un effectif dans un mode quasi auto-gestion.  La méthode Rijkaard a laissé des traces: entre une guerre des égos devenue ingérable, des blessures à répétition et un sens de la discipline en totale perdition, les chantiers de reconstruction étaient nombreux.
Première tâche pour le nouveau chef: faire un gros ménage au sein de l'effectif pour éloigner la gangrène: Ronaldinho et Deco, deux des plus gros symbôles de la Dream Team 2, se voient montrer la porte de sortie. Les mentalités du brésilien et du portugais ne plaisent pas vraiment à Pep, ce dernier ayant eu l'intelligence de comprendre que le maintien des deux mastodontes dans l'effectif blaugrana l'empêcherait de remettre à plat les choses et de construire "son" projet. Eto'o aurait du les accompagner mais sa pré-saison exemplaire et sa nouvelle attitude ont fait revenir Guardiola sur sa décision.

Étape 2: rénover les fondamentaux, travail et état d'esprit

C'est bien connu: les deux dernières saisons de Rijkaard à la tête de l'équipe fûrent marquées par un relâchement de l'effectif et une gestion en dilettante. Incapable de reserrer les boulons lorsque nécessaire, le batave a découvert les limites de son système. Une des missions principales de Guardiola était de recentrer l'attention de l'effectif sur la notion d'effort. Fini les retards aux séances d'entraînement et autres escapades nocturnes, place à une micro-gestion quotidienne qui ne permet pas le moindre écart de conduite. Guardiola se mêle de tout, y compris du contrôle de la nutrition de ses poulains...
L'arrivée de Pep coincide également avec la fin de la politique "deux poids deux mesures". Ronaldinho et Deco out, Pep décide de mettre sur le même pied d'égalité tous ses joueurs, peu importe leur statut dans l'effectif.

Pep
  
Étape 3: rénover les fondamentaux, le jeu

La révolution Guardiola, ce n'est pas seulement dans les coulisses, mais également sur le terrain. Pep "respire" le 4-3-3, il le comprend dans ses moindres détails. Sous sa houlette, un seul mot d'ordre: maîtriser à la perfection les fondamentaux.

1/ jouer haut et presser: cela commence naturellement par le premier défenseur de l'équipe Samuel Eto'o. Pas la peine de s'étaler sur la science du mouvement du camerounais, elle est légendaire. Son jeu sans ballon lorsque la possession est adverse gène la relance et pousse l'adversaire à jouer plus bas et à se précipiter. Les premiers centimètres (mètres quelques fois) grignotés à l'opposant se gagnent d'abord là. Autre exemple, à l'autre extrêmité du terrain: Piqué. Le canterano, du fait du pressing incessant de ses coéquipiers, peut évoluer dans une position très avancée et en profiter pour apporter le surnombre devant.

2/ mouvement, placement et récupération: presser l'adversaire n'est pas tout. Une fois que celui-ci est gêné, il faut quelqu'un pour récupérer le ballon. Dans ce sens, le mouvement perpétuel des joueurs et la discipline au niveau du placement viennent parachever les bénéfices tirés du pressing. Combien de fois avons-nous vu 2 voire 3 joueurs sur le porteur du ballon ? Les blaugrana, sous Pep, sont devenus des "affamés" du ballon. Chaque balle en possession de l'adversaire est considérée comme une anomalie dans le système guardiolien. Une anomalie qu'il faut corriger en récupérant immédiatement le cuir.

3/ circulation rapide et verticalité:  Un joueur qui porte trop le ballon, c'est un joueur qui s'expose dangereusement au pressing de l'adversaire. En ce sens, plus tu exécutes rapidement ta passe, plus le pressing adverse est inutile. La circulation du ballon "annule" le pressing de l'opposant. Conséquence directe: ton adversaire parcoure des kilomètres pour trouver... un joueur sans ballon. Ce jeu de passe rapide doit s'accompagner d'une certaine verticalité pour éloigner l'épouvantail de la possession de balle stérile. Il ne s'agit pas seulement de jouer le ballon rapidement, mais également de le faire parvenir devant dans les plus brefs délais. Concrètement, cela se matérialise par des décalages incessants et un jeu de passe courtes diabolique dans les 20 derniers mètres.

 

 

Guardiola

Les prochains défis

La Champion's league n'est pas encore acquise mais on peut déjà parler d'une saison très réussie. Une fois le 27 mai derrière les blaugrana, le staff devra se pencher sur la préparation de la saison à venir, qui s'annonce sans grande surprise beaucoup plus difficile. S'il n'est pas évident d'arriver au sommet, il est encore moins aisé de s'y maintenir. Rijkaard pour rester dans l'actualité blaugrana peut parfaitement en témoigner.

Approfondir le banc de touche

Le banc des remplaçants est indigne d'un club de ce rang.  Il n y a pas de joueurs capable de remplacer qualitativement un titulaire du 11 de Guardiola, surtout dans le secteur offensif. Le contraste est saisissant entre l'équipe alignée en Copa et celle en Liga. Un gouffre sépare ces 2 équipes. Là où Manchester et Chelsea sont capables de laisser au repos des Drogba, Essien et autres Ronaldo sans avoir à en pâtir, le Barça ne peut faire de même. La meilleure illustration est la demi-finale finale de CL face à Chelsea où la suspension de Puyol et la blessure de Marquez ont contraint Guardiola à aligner Touré en défense centrale, laissant un gros vide au milieu. Une équipe comme le Barça, qui joue chaque saison sur 3 tableaux différents, se doit d'avoir des "super-remplaçants" pour assurer un turn-over régulier sans avoir à mettre en péril la qualité de jeu d'un match à l'autre. Le fameux "4 joueurs pour 3 postes" en attaque qui fixerait Iniesta en milieu est plus que désirable, ce concept pouvant également être dupliqué aux autres lignes.

Vaincre l'érosion

Quand tu as tout gagné, la problématique de l'envie se pose presque mécaniquement. Comment continuer à aborder les matchs avec la même détermination et un sens du sacrifice intact ? Comment faire en sorte que l'érosion de la motivation ne soit plus une fatalité ? Peu d'entraîneurs ont réussi ce défi titanesque. Parmi eux, Sir Alex Ferguson, figure emblématique de Man U depuis 20 ans et qui n'a cessé de glaner des titres tout au long de sa carrière, au point de briguer une seconde Champion's league consécutive. S'il doit y avoir un "Ferguson" blaugrana, cela pourrait bien être Guardiola. Sa passion, sa rage de vaincre et son perfectionnisme en font le candidat idéal.

À quelques jours de la fin de saison, une seule phrase, prononcée par Camacho (entraîneur d'Osasuna) peut donner une idée de ce que cette équipe est devenue en l'espace de quelques mois: «une équipe de stars qui luttent comme des ouvriers».

 Guardiola


Article co-écrit avec Milouse
 


Posté par youssef
Article lu 20340 fois