Array Je n'ai jamais imaginé une telle fin : comme dans un film [2e partie] - FC Barcelona Clan

En Une | Xavi | jeudi 4 juin 2015 à 12:14  | Ajouter aux favoris / Partager  | Email

J'ai une théorie : le Barça doit toujours être très supérieur à Madrid, sinon nous ne gagnons pas. Ils sont tous ensemble : la presse, l'esprit Juanito, le 'cómo no te voy a querer' (comment ai-je pu ne pas t'aimer)… Ici nous sommes soit bons, soit « rien du tout ». Si nous sommes au même niveau, ils peuvent s'aider de choses que nous n'avons pas ici ; ici la dynamique est toujours négative, là-bas, toujours positive.

Vous avez gagné un championnat à la mi-temps et un autre avant de jouer. Étrange non ?

Oui, nous avons gagné à Balaidos à la mi-temps, l'année de ma blessure. C'était l'une de mes années les plus difficiles, mais j'ai beaucoup appris. J'ai eu une rupture du ligament lors d'un entraînement en Décembre. Mon genou était détruit. Voilà comment j'ai appris à prendre soin de moi. Je ne suis jamais allé au gymnase avant cela, je pensais que seul le ballon suffisait. Je ne travaillais pas ma musculation, résumant tout aux qualités footballistiques. Cette année-là, avec l'aide d'Emili [Ricart] et du Dr. Cugat, j'ai compris que si je ne prenais pas soin de moi, ma carrière ne serait pas longue. L'autre fois, ce fut un but de Capdevila contre Madrid qui nous a offert le championnat. Nous étions à la maison et j'ai appelé les autres « Allez, on doit fêter ça ! » et nous sommes sortis, malgré notre match le lendemain au Calderon.

L'année du triplé fut unique, n'est-ce pas ?

C'est la meilleure année de notre histoire. Tout fut merveilleux, et surtout la manière dont nous avons gagné. Cette année fut magique. Je n'ai jamais vu un football de telle qualité. Je regarde les matchs de cette saison et je me dis : impossible de mieux jouer. Nous avons gagné la Champions League d'une façon marquante. Les années Pep sont impossibles à reproduire.

Pep était-il fatiguant comme coéquipier et encore plus comme entraîneur ?

Non, j’ai apprécié. Comme coéquipier, il a aussi eu sa part, les comparaisons entre nous n'étaient pas de sa faute. C'était un poids pour moi d'être son héritier désigné. Il me demandait de ne pas en tenir compte, mais je n'y arrivais pas. Grandir auprès de lui ajouta plus de pression, mais ce n'était pas sa faute. Il a toujours été très bon avec moi.

Est-ce vrai que vous alliez quitter lorsqu'il arrivait comme entraîneur ?

J'avais une offre du Bayern Munich et j'étais prêt à partir, c'est vrai. Il m'a dit : « Xavi, je ne peux imaginer l'équipe sans toi, c'est impossible ». Et j'ai dit : « D'accord, je reste ». Un coach impressionnant. C'est aussi parce que nous voyions les choses de la même façon ; nous comprenions le même football. Toutes les stars furent alignées pendant ces années avec Pep. Nous avions une équipe extraordinaire. Mais ce n'était pas une coïncidence, nous travaillions beaucoup et étions supérieurs à nos rivaux. J'ai une théorie : le Barca doit toujours être très supérieur à Madrid, sinon nous ne gagnons pas. Ils sont tous ensemble : la presse, l'esprit Juanito, le cómo no te voy a querer (comment ai-je pu ne pas t'aimer)… Nous sommes soit bons, soit ‘rien du tout’. Si nous sommes au même niveau, ils peuvent s'aider de choses que nous n'avons pas ici ; ici la dynamique est toujours négative, là-bas, toujours positive.

Auriez-vous aimé travailler avec Johann Cruyff ?

Il n'y a rien que j'aurais plus aimé. C'est ma référence footballistique, et je n'ai jamais eu à travailler avec lui, imaginez alors... Johann a changé l'histoire du jeu, au FC Barcelone au moins. 

De tous les championnats que vous avez gagné, seul un fut au Camp Nou. 

Et je n'ai même pas joué. Undiano [Mallenco] m'avait donné un carton jaune lors du match précédant et j'étais suspendu.

Le championnat le plus difficile fut celui avec la maladie de Tito Vilanova ?

Oui, et la suivante, l'année de son décès. La saison de Tito fut très dure. Il était très exigeant. « 100 points, nous devons gagner 100 points » nous disait-il. Mais c'était une saison très difficile, le vestiaire était toujours très triste. Nous avons réussi à gagner grâce à nos qualités et parce que Aureli [Altimira] et Jordi [Roura] ont mis du leur. Ils avaient l'habitude de nous faire écouter les messages, de nous dire que Tito avait dit ceci ou cela, que Tito nous avait appelé...Il était toujours là avec nous. Je lui parlais fréquemment. Un jour, il m'en a voulu. J'étais blessé, je voulais jouer et je me suis blessé de nouveau contre le Milan. Et le match contre le Bayern Munich arrivait et je voulais le jouer et il m'a appelé : « Si tu te blesses encore, tu ne joueras plus ». Il était tellement énervé ! Il était très brave.

Comment avez-vous géré cette saison sans beaucoup jouer ? Après tant d'années dans le onze de départ.

C'était dur évidemment. Mais j'ai appris de mes coéquipiers qui ne jouaient pas, qui restaient malgré tout tranquille et positif. Un de mes exemples est toujours le 3e gardien : il ne joue presque jamais, mais célèbre comme s'il le faisait. J'ai pensé à Jorquera, à Pepe Reina, des joueurs qui se sont entrainée durement mais ne se sont jamais plaints, surtout que le footballeur est par nature égoïste. J'ai appris d'eux. Par exemple, à Valence, je suis sorti, 10 minutes avant la fin du match et j'ai sauté sur le terrain lors du but de Busi. J'ai embrassé Luis Enrique ! Il m'avait sorti et je ne lui en voulais même pas. J'ai changé ma façon de voir les choses et ai vu de nouveau les choses comme lorsque j'étais enfant : penser équipe. Je voulais terminer la saison avec un trophée et maintenant... Je parlais avec Puyol l'autre jour, il ne pouvait ni jouer, ni célébrer son départ. Et regardez comment j'ai dit au revoir au Camp Nou. C'est incroyable. Tout s'est bien terminé. C'est incroyable. Je n'ai jamais imaginé une telle fin : comme dans un film.

Pourquoi êtes-vous restés ? 

J'avais de bonnes sensations, et je ne ressentais plus la douleur d'avoir perdu la Liga sans jouer, oubliais la douleur de la Coupe du Monde, qui fut brutale. Je savais que Luis Suarez venait, j'ai parlé à Luis Enrique et il m'a dit « Pelopo, penses-y bien ! » et j'avais le sentiment que la saison serait belle. J'ai dit à mes coéquipiers sur le chat : « Je reste, les choses semblent prometteuses ». Luis m'a toujours bien traité parce qu'il n'a jamais menti. Et c'est une belle chose. Honorable et direct. J'aurai pu lui en vouloir parce que je ne jouais pas beaucoup, mais c'est le contraire, je lui dois beaucoup d'être reste, parce que c'est l'une des personnes qui m'a fait rester. Et j'ai retrouvé mon enthousiasme. Et j'ai parlé avec Zubi, qui était très bien avec moi. Je suis désolé pour ce qui lui est arrivé. Le championnat est aussi grâce à lui. Le jour où je leur ai dit que je partais, il est venu chez moi et m'a fait comprendre que le moment n'était pas encore venu. Heureusement je suis resté. 

Vous souvenez-vous de la fois où vous êtes venus à la Masia pour la première fois ? 

Bien sûr. Mon père dans la voiture me disait : « Ouvres grand tes yeux et apprends! Tout le monde n'a pas cette chance ». J'avais déjà été intégré, mais je ne le savais pas. Et c'est ce que j'ai fait : apprendre, apprendre et apprendre. Dans ce club, j'ai appris comment jouer et être une personne. Ici, et à la maison évidemment. Je dois tout au Barça. J'ai été tellement heureux. Je n'avais jamais imaginé cela.

Connaissez-vous un plus grand supporteur que vous?

Oui, bien sûr, ma mère.


Source: Grup14, depuis el Pais

Posté par Aimar
Article lu 9486 fois