Les faits et le jeu
Trois jours après le choc à Mestalla conclu par un match nul équitable, le Barça recevait dans son antre du Camp Nou un autre outsider à la bipolarité : l’Atletico Madrid. Entre les blaugranas et les colchoneros, c’est une histoire de but depuis 25 ans avec des matches à chaque fois très prolifiques. Et la rencontre de ce samedi n’a pas échappé à cette règle avec une manita infligée par les Catalans au second club de Madrid.
Pour aborder cette affiche, Guardiola décidait à nouveau de miser sur un schéma avec trois défenseurs, mais avec cette fois-ci Daniel Alves en arrière droit et non en ailier. Choix ultra offensif, ce dispositif était celui qui avait fini le match face à Valence. Aux côtés d’Alves, on retrouvait dans l’axe Macherano, préféré à Puyol mais aussi à Piqué de retour dans le groupe et laissé sur le banc. Abidal complétait ce trio, avec Busquets en pivot devant, et un milieu de créateurs composé de Xavi plutôt à droite, Cesc plutôt dans l’axe derrière Messi éternel électron libre de l’attaque, et Thiago plutôt à gauche. Pas de Keita pour le plus grand bonheur de ses détracteurs. Enfin Villa et Pedro étaient chargés d’animer les couloirs et d’assurer un travail d’essuie-glace.
Face à ce schéma ultra offensif, l’Atletico fort de résultats récents positifs en championnat et ligue Europa alignait ses nouvelles recrues, Diego et surtout Falcao, l’efficace attaquant colombien chipé à Porto pour la somme de 45 millions cet été. Habitué à prendre le bouillon face à la Pep Team au Camp Nou (3-0, 5-2, 6-1), l’Atletico ne cherchait pas à fermer le jeu et se procurait même la première occasion du match avec une frappe de 25 mètres de Tiago sur le sommet de la barre transversale. Cet avertissement sans frais était reçu 5 sur 5 par les Catalans qui décidèrent dans la foulée de déclencher le feu nucléaire, avec à la 8ème minute l’ouverture du score par Villa avec feinte de frappe, crochet, et plat du pied sécurité suite à une ouverture lumineuse de Xavi et un beau plantage de Perea (1-0, 8’).
Dans la foulée, c’est Pedro qui était tout proche de corser l’addition mais son contrôle un peu trop derrière lui ne lui permettait pas de mettre tous les atouts de son côté au moment de tirer (13’). Qu’importe, les efforts de l’allier canarien étaient récompensés deux minutes plus tard avec une récupération suite à un pressing haut de Busquets, qui après un relai avec Xavi se transformait en passe décisive pour Messi, lequel voyait finalement sa tentative se conclure par un but après un coup de billard gardien-défenseur. Csc donc pour Miranda, piégé par la fourberie de l’Argentin en position de hors-jeu passif au moment du relai Xavi-Pedro (2-0, 15’).
Vexé sans doute de n’avoir pas été pleinement crédité du but, la Pulga décidait 10 minutes plus tard d’y mettre les formes. Auteur d’une touche côté droit, le numéro 10 bleu et grenat prenait appui sui Xavi avant de mettre dans le vent deux défenseurs d’un crochet et d’exécuter Courtois d’une frappe puissante premier poteau (3-0, 26’).
Insolent de domination, avec 71 % de possession de balle et des séquences de conservation ébouriffantes de maitrise avec récital de son quintette Busquets-Thiago-Xavi-Cesc-Messi, le Barça se contentait d’un avantage de trois buts à la pause. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté, comme sur ce lob de 25 mètres de Fabregas sur le sommet de la transversale (41’). C’était déjà beaucoup pour l’Atletico, victime idéale et ridiculisé dans le jeu avec une rare passivité dans les duels et le jeu défensif.
La seconde mi-temps débutait comme avait fini la première avec une domination totale du Barça. Quand les Catalans tiennent aussi bien le ballon, quand l’adversaire presse aussi peu et laisse autant de facilité au porteur, le schéma en 3-4-3 se justifie pleinement en ce sens qu’il accentue encore tous ces éléments. Avec 5 joueurs capables de faire tourner au cœur du jeu (4 milieux plus Messi) et non seulement 4 (3 milieux plus Messi), la maitrise devient tout simplement vertigineuse. Ce schéma permet aussi et surtout de faire joueur Fabregas en position de deuxième attaquant, poste où il semble le plus à l’aise. On a vu cependant les limites d’un telle schéma mercredi à l’extérieur contre Valence, une équipe à la fois très agressive sur le porteur, et possédant avec Mathieu un ailier de débordement particulièrement actif. De plus cela revient à se priver du meilleur des qualités de Dani Alves, obligé soit de jouer dans le trio de derrière en limitant drastiquement son apport offensif, soit de jouer ailier, où ses qualités dos au but ne sautent pas aux yeux.
Guardiola décidait d’ailleurs au final de mettre un terme à l’expérimentation en revenant à une défense à 4 avec l’entrée de Piqué à la place de Busquets, Thiago puis Cesc prenant la place de Pivot dans un milieu aux positions très libres. Ce changement intervenant à la 54’, succédait à une belle occasion de Messi avec un duel manqué face à Courtois. Fort de son avantage, le Barça se montrait très gestionnaire lors de ce second acte. Seul Messi ne semblait pas rassasier. Auteur de plusieurs incursions impressionnantes (66’, 67’, 72’), l’Argentin trouvait finalement la faille sur un nouveau rush conclu d’une frappe croisée à la 78’ (4-0). Auparavant Cesc avait laissé sa place à Keita (72’), et dans la foulée, c’est Maxwell qui remplaçait Abidal (81’). La fin de match arrivant, l’Atletico réussissait à sortir enfin de sa léthargie pour inquiéter Valdes avec un duel manqué de Turan Arda entré en jeu à la mi-temps 85’). Mais c’est à Messi que revenait le mot de la fin avec un triplé suite à un une-deux d’école avec Villa (5-0, 90+2). 8 buts déjà pour l’Argentin, pichichi de la Liga avec une unité d’avance sur Ronaldo lui aussi auteur d’un triplé mais avec deux buts sur penalty.
Le Barça a repris sa marche en avant après le match nul à Valence et repris également la deuxième place du classement au club ché, derrière un surprenant leader venu d’Andalousie : le Betis Séville.
Les joueurs
Valdes : 6
Pas grand-chose à faire une nouvelle fois sauf en fin de match avec une bonne sortie devant Turan.
Alves : 7,5
Match sérieux dans le domaine défensif dans le cadre d’une défense à 3. A retrouvé sa liberté offensive après l’entrée de Piqué et a été à l’origine de la plupart des bons coups de la seconde période.
Mascherano : 7
Appliqué et mettant le pied quand il faut. Il a bien maitrisé Falcao.
Abidal : 7
Un très bon match après ses difficultés face à Valence. Puissance et efficacité, le cocktail habituel. Remplacé pour les 10 dernières minutes par Maxwell.
Busquets : 7,5
Un régal de le voir trier les ballons. Précieux dans la récupération des seconds ballons le plus haut possible (cf le second but).
Remplacé par Piqué qui a pris place en défense centrale en montrant quelques hésitations.
Xavi : 8
Match délicieux du capitaine avec des caviars, et beaucoup de propreté dans le jeu.
Thiago : 7
On découvre depuis quelques matches un nouveau Thiago, à la fois sobre et très propre. Au service du collectif, 3-4-3 oblige avec un important travail défensif et de récupération, il n’a pas perdu non plus sa capacité d’accélération comme a pu en témoigner son occasion de la 76’ avec un drible sublime et une jolie frappe enchainé. Commence à faire partie des meubles.
Cesc : 7
Match finalement assez discret. Sa relation avec Messi a été assez discrète de même que son impact dans les 25 derniers mètres pour tirer ou passer. Auteur d’un lob spectaculaire sur la barre. Remplacé par Keita qui a géré les affaires courantes au poste de pivot.
Pedro : 7
S’il a décliné physiquement au fil des minutes, c’est aussi parce qu’il était parti pied au plancher avec une générosité toujours aussi impressionnante. Directement impliqué sur le deuxième but, il a retrouvé son rythme de croisière après un début de saison délicat.
Villa : 7
Un but marqué avec classe et sang-froid et toujours autant d’appels et de disponibilité, malgré le fait qu’il soit peu souvent servi. A manqué un duel en second mi-temps. Lui aussi semble mieux en ce moment.
Messi : 8,5
Les superlatifs commencent vraiment à manquer pour l’Argentin. Auteur d’une entame de match très discrète et même d’une première mi-temps presque moyenne avec pas mal de déchet, il a mis les gaz après le repos en étant l’animateur principal d’un match déjà plié avec un triplé et de nombreuses situations chaudes. On le dit on le redit, ce qu’il fait match après match, saison après saison avec le Barça, c’est vraiment du jamais vu…
Fiche technique
FC Barcelone : Valdés ; Alves, Mascherano, Abidal (Maxwell, min.81) ; Sergio Busquets (Piqué, min.53), Xavi, Cesc (Keita, min.72), Thiago ; Pedro, Villa, Messi.
Atletico Madrid : Courtois ; Perea, Godín, Miranda, Antonio López ; Mario Suárez (Arda Turan, mi.46), Tiago (Adrián, min.79), Gabi, Reyes (Salvio, min.46), Diego ; Falcao.
Buts : 1-0 : Villa, min.9. 2-0 : Miranda (csc), min.15. 3-0 : Messi, min.26. 4-0 : Messi, min.78. 5-0 : Messi, min.90.
Arbitre : Delgado Ferreiro
Avertissements : Piqué (min.71), Perea (min.72).
83.154 spectateurs.