Array FC Barcelone 2-0 Real Madrid: Une victoire au courage - FC Barcelona Clan

Chronique | Liga | dimanche 14 décembre 2008 à 06:03  | Ajouter aux favoris / Partager  | Email

Un Barça très crispé l'a difficilement emporté (2-0) sur ses terres face à des merengues héroiques défensivement. 12 points et un univers séparent désormais les 2 rivaux historiques.

Les faits et le jeu 

Cela faisait quelques temps déjà qu'un Clasico n'avait pas eu lieu dans un contexte favorable au Barça. Depuis la fameuse période 2004-06, les catalans ont en effet enchaîné les contre performances, permettant aux madrilènes de revenir sur le devant de la scène. Le point d'orgue de cette période de vaches maigres fût atteint lors du dernier clasico où les blaugrana sont contraints de se livrer à un humiliant pasillo, conclu par une sévère défaite 4-1. Ce fut sans aucun doute un des moments les plus sombres de l'histoire blaugrana contemporaine.

Quelques mois plus tard - aujourd'hui donc- le contexte a radicalement changé : la prise de pouvoir de Pep a signé le renouveau azulgrana. Les blaugranas cumulent en effet depuis septembre les bonnes performances, plus brillantes les unes que les autres, jusqu'au point où le Barça est devenu l'équipe la plus admirée d'Espagne, d'Europe et probablement du monde.
En face, les madrilènes ne peuvent en dire autant. Empêtrés dans une véritable crise (relégués à 9 points du Barça avant cette journée) et décimés par les blessures, les coéquipiers de Raul viennent tout juste de s'offrir un nouvel entraineur, Juande Ramos, celui-là même qui avait mené le FC Séville sur le toit de l'Europe aux dépens d'un certain... Barça.

Jusqu'à la nomination de Ramos à la tête des merengues, le mot d'ordre était simple: il fallait laver l'affront du pasillo, chose qui ne pouvait être réalisée sans une victoire écrasante. Seulement voilà, le contexte changea en seulement quelques jours puisque Bend Schuster fût démis de ses fonctions la semaine dernière. Dans la foulée, Ramos prend en charge l'équipe et obtient une victoire éclatante contre le Zénith. Du coup, les pronostics sont revus à la baisse du côté de la presse blaugrana. Même son de cloche du côté des officiels barcelonais: "seuls les 3 points comptent".

célébration

Jour J donc: Pep se présente avec le 11 que tout le monde attendait. Derrière, du classique avec une charnière centrale Puyol-Marquez, Alvés et Abidal prenant respectivement sur les flancs droits et gauches. Dans l'entrejeu, Touré et Xavi étaient naturellement reconduits alors que Gudjohnsen fût récompensé pour ses dernières prestations. Pas de révolution non plus devant avec le trident Henry-Eto'o-Messi.

Les hommes de Pep donnent le ton dès les premiers instants de la rencontre: le ballon sera de couleur rouge et bleu ce soir.
Le premier quart d'heure est d'ailleurs totalement dominé par les catalans. Un joueur en particulier se distingue du lot: Leo Messi, qui réalise un début de partie tonitruant. D'abord à la suite d'un tir dans la surface de réparation à la suite d'un crochet sur Ramos (6'), puis sur un joli une-deux avec Eto'o, action avortée au tout dernier moment grâce à un retour en catastrophe de Cannavaro (8'). Thierry Henry trouve dans l'intervalle le temps de décocher une frappe puissante des 20 mètres (7').

En face, les madrilènes, bien regroupés derrière, se cachent derrière leur maître à jouer de la soirée. Non, il ne s'agit pas de Guti ou Sneijder, mais bien de Casillas, le meilleur gardien au monde, sur lequel incombe la responsabilité de sauver les fondations de la maison blanche.
 Le choix tactique des merengues est connu de longue date: tout miser sur le nul en se basant sur un système ultra défensif et des bas-coups de tous les instants. D'ailleurs, la mission de la soirée est très claire: "Il faut tuer le soldat Messi". Mission en partie réussie puisque les attentats sur la personne de l'argentin ont lieu toutes les deux minutes, au point que la "pulga" en vient à être dégoûté. Il faut dire que la personne en charge de sa sécurité n'est autre que le très doux Sergio Ramos, décalé pour l'occasion à gauche.

Messi et Alvés bloqués à droite , il ne reste guère que l'axe pour faire la différence. Une marge de manoeuvre bien faible pour les blaugranas car au centre, il y a ce qu'on appelle communément beaucoup de traffic, les madrilènes défendant en effet à 10.

La plus grosse occasion de la première période est pradoxalement madrilène. A la suite d'un contre éclair, Drenthe, bien aidé par Alvés,  se retrouve seul face à Valdés qui réalise la sortie du match (26'). Auparavant, le néerlandais s'était illustré sur un joli centre côté gauche pour Sneijder qui décocha une frappe surpuissante dans l'axe, difficilement détournée en corner par Valdés.
Après 30 minutes de jeu, les statistiques sont sans appel: 70 % de possession pour les catalans, ultra dominateurs. Le reste de la mi-temps connait la même physionomie de jeu avec des blaugranas volontaires, mais manquant de tranchant dans les derniers mètres.
Les hommes de Pep, probablement trop désireux de bien faire, manquent souvent de lucidité et s'emmêlent les pinceaux,  pas aidés il faut l'avouer par un adversaire venu pour ne pas perdre et donc complètement recroquevillé en arrière. Rajoutez à cela le match étincelant de Casillas et vous avez là tous les ingrédients pour aboutir sur un non-match.

La seconde mi-temps est légérement plus équilibrée, le Real se montrant plus présent dans l'entrejeu, malgré la sortie sur blessure à la 30ème minute du hollandais Sneijder. La première occasion est cependant blaugrana: Henry hérite du ballon dans la surface et décoche une frappe surpuissante que Casillas repousse.
Les catalans, agacés par l'omniprésence défensive de l'adversaire, se découvrent de plus en plus et montrent une vulnarabilité inquiétante sur les rares contres merengues. Ces derniers font tout pour faire déjouer le Barça. Au menu, des petits tacles assassins avec l'objectif avoué d'enrayer la dynamique de la machine catalane. Ces nombreuses petites fautes, en apparence anodines, cassent le rythme du match en empêchant le Barça d'être fluide dans son jeu. Voyant que la situation commence à tourner à l'avantage des madrilènes, Guardiola décide de sortir Gudjohnsen pour Busquets. Le résultat est quasi immédiat avec un Barça qui commence soudain à jouer plus vite mais également plus juste.

Messi - Real Madrid 2008-09

La galère est proche de prendre fin à la 69 ème minute lorsque sur coup franc, Salgado accroche Busquets qui s'effondre dans la surface de réparation. M. Medina Cantelajo indique sans hésiter le point de pénalty. Eto'o, désigné pour le tirer, trouve en face de lui un Casillas impeccable... tout est à refaire (70').
Les blaugranas, loin de baisser les bras après ce revers, redoublent d'efforts et intensifient leur pressing, se procurant en l'espace de 5 minutes 3 occasions d'Eto'o (sur une frappe lointaine), Messi (frappe à bout portant) puis Henry (retour à la dernière minute de Salgado après que le français se soit déjoué de Casillas).
Les madrilènes, de leurs côtés, réagissent par l'intermédiaire de l'excellent Palenca. Côté droit, "le petit nouveau", à la suite d'un une-deux bien négocié avec Raul, se retrouve seul face à Valdés dans un angle fermé mais sa frappe est repousée par le portier catalan, impérial sur sa ligne.

Le moment que tout le peuple culé attend arrive quelques minutes plus tard. Sur un corner de Xavi, Puyol saute plus haut que Ramos et Gago et place une tête rageuse qui parvient dans les pieds d'Eto'o qui prolonge dans les buts de Casillas. 1-0 ( 83'). La patience blaugrana a fini par payer. Après une multitude d'occasions, le Barça mène enfin au score et peut désormais jouer d'une façon plus libérée. Les merengues, jusque là tenaces et accrocheurs, accusent le coup. Eux qui avaient si chèrement défendu leur territoire et fait preuve d'une solidarité exemplaire sont désormais sur le point de rendre les armes. Les barcelonais en profitent alors pour définitivement tuer la rencontre. A la suite d'un contre éclair initié par Hleb, Henry sert superbement Messi dans l'axe. L'argentin, seul face à Casillas, lobe son vis-à-vis, le retour de Cannavaro qui finit sa course contre le poteau n'y changeant rien.  2-0 (93').

Un clasico ne ressemble à aucun autre match et cette rencontre n'a pas échappé à la règle. Alors qu'on croyait que l'ogre blaugrana allait "manger" le "gringalet" madrilène, le déroulement de la rencontre fût tout différent. L'immense talent blaugrana a longtemps buté sur la discipline de fer de son adversaire du jour.
Les 2 équipes n'ont pas évolué à armes égales. Le Barça, clairement supérieur dans tous les compartiments de jeu, a tenté de développer son jeu habituel: jeu au sol rapide et fluide et incursions meurtrières sur les ailes de la doublette Messi-Alvés. En face, les merengues se sont présentés au Nou Camp avec des arguments nettement moins convaincants, mais pourtant efficaces et fonctionnels durant 80 minutes: rigueur défensive et solidarité à toute épreuve. Cette rencontre rappelle d'ailleurs étrangement la finale de Champion's League de 2006 face à Arsenal où un Barça impeccable jusqu'à ce stade de la compétition n'avait pas réussi à développer son jeu flamboyant, butant longuement sur la meilleure défense d'Europe. A force de pousser (souvent maladroitement), les blaugranas avaient pourtant fini par l'emporter au courage, un peu comme ce soir.
Plus que les 3 points, c'est la façon de les obtenir qui a fait forte impression ce soir. Le Barça montre une fois de plus qu'il est capable de gagner sans produire un jeu tout feu tout flamme. La mentalité de gagnant de cette saison aura prévalu  jusqu'à la dernière seconde de jeu. Les catalans n'ont cessé de pousser, se sont procurés une multitude d'occasions et ont fini par l'emporter... au courage. Le pasillo n'a pas été totalement vengé mais là n'est pas le plus important. Jetez plutôt un coup d'oeil du côté du classement: 12 points séparent désormais les 2 rivaux, autant dire un écart insurmontable pour les merengues, pour peu que le Barça se montre un minimum constant. Troisième victoire consécutive dans le cadre du "Tourmalet" et une position de favori plus que jamais assumée... 
 

Eto'oLes joueurs

Valdés: 8 Royal sur sa ligne pendant 90 minutes. Il réalise l'arrêt du match sur l'action de Drenthe.

Abidal: 6.5 Sérieux et appliqué sur son flanc gauche, il a tenté - sans succès - quelques rares incursions en zone offensive.

Puyol: 8.5 Tout simplement monstrueux. Omniprésent défensivement, auteur de retours et de sauvetages impressionnants, il n'a jamais hésité à montrer l'example en portant le danger devant à la suite de rushs enragés. Son bel état d'esprit est récompensé en fin de match puisqu'il est le grand artisan du premier but. Ce soir, il a rappelé à tous pourquoi il était capitaine.

Marquez: 7.5 Lui aussi fût particulièrement en verve. Propre et incisif dans ses interventions, son jeu long fût également un régal. Marquez est de retour et effectue un début de saison à la hauteur de sa fabuleuse saison 2005-06.

Alvés: 7.5 Une énergie et une endurance incroyables, une véritable batterie Duracell. Le brésilien a inlassablement parcouru et reparcouru son couloir droit, compensant le manque de percussion de Messi. Seul point d'ombre: une grosse erreur défensive sur la plus grosse occasion menrengue qui aurait pu coûter très cher.

Touré: 8.25 Les matchs se suivent et se ressemblent pour l'ivoirien qui cumule les performances de grande classe. Sa tranquillité, sa puissance physique et sa capacité à "poser" le jeu ont fait des merveilles. Probablement le meilleur blaugrana de la saison.

Xavi: 5.5 Timide et peu entreprenant, le 6 blaugrana est passé à côté de son match. Il a très peu pesé sur le jeu, probablemment gêné par la "densité démographique" dans l'axe. Remplacé par Keita (91').

Gudjohnsen: 4.5 Le maillon faible de ce soir. En plus de perdre un nombre incalculable de ballons, il a constamment ralenti le jeu et souvent hésité dans ses choix. Match à oublier... Remplacé par Busquets (63') qui fait tout de suite la différence avec un jeu plus rapide et direct. Le jeune canterano trouve même le temps de provoquer un pénalty.

Messi: 6.5 Auteur d'un début de match canon, la "pulga" a ensuite progressivement sombré avant de redresser la tête en fin de match avec en apothéose ce but qui scelle l'issue de la rencontre. Son match moyen peut en partie être expliqué par le comportement de ses gardes du corps, qui l'ont régulièrement violemment chargé, au point de le dégoûter.

Eto'o: 6.5 Bien contenu par la défense madrilène, il s'est quand même battu comme un lion en se démultipliant sur tous les fronts de l'attaque. Malheureux sur le pénalty, il se rattrape en fin de match sur un but opportuniste. Remplacé par Hleb (88'). Le biélorusse est à l'origine du second but puisque c'est lui qui lance Henry sur une superbe ouverture.

Henry: 6.25 Le français a livré une prestation pleine de courage. Excentré à gauche, il a beaucoup couru et tenté quelques frappes. Auteur d'une remarquable ouverture pour Messi sur le second but. Doit cependant "réinventer" son jeu, trop prévisible.

Fiche Technique

FC Barcelone: Valdés; Alves, Márquez, Puyol, Abidal; Touré, Xavi (Keita, m.90+1), Gudjohnsen (Sergio Busquets, m.63); Messi, Eto'o (Hleb, m.88) et Henry.

Real Madrid: Casillas; Michel Salgado, Metzelder, Cannavaro, Sergio Ramos; Sneijder (Palanca, m.36), Gago, Guti (Javi García, m.74), Drenthe; Higuaín (Van der Vaart, m.76) et Raúl.

Buts: Eto'o (m.83) y Messi (m.92).

Arbitre: Medina Cantalejo

Affluence: 96.059 spectateurs


Posté par youssef
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