Les faits et le jeu :
Au Barça, qui dit retour des joueurs de leurs sélections nationales dit danger. Le « virus Fifa » est en effet particulièrement virulent du côté de la Catalogne où les anticorps efficaces ne sont pas fabriqués en quantité suffisante. A chaque fois c’est la même histoire avec une équipe moins performante qu’à l’accoutumée. Néanmoins, cette fois-ci, malgré la fatigue accumulée par certains partis disputer une parodie de finale de coupe du monde en Argentine, la menace ne semblait pas très grande. Le lieu du match : le Camp Nou, une enceinte inviolée l’an passée en Liga. L’adversaire : l’Hercules d’Alicante, un modeste promu renforcé à la va vite en fin d’été par une star en préretraite (Trézéguet), un batave merengue exilé (Drenthe) et une diva maladroite (Valdez). Bref trois points plus ou moins assurés. De quoi donner du temps de jeu à certains et bien se préparer avant le début de la C1 mercredi. Il faisait beau, il était 18h, les familles étaient au stade avec enfants et sirènes, David Villa était titulaire en pointe aux côtés de Messi et Bojan, tout comme Keita au milieu avec la dernière recrue Mascherano et Iniesta, tandis qu’Abidal partageait l’axe de la défense avec Piqué laissant les couloirs aux Brésiliens Maxwell et Adriano, et le brassard de capitaine à Valdes fidèle au poste dans les cages. Le massacre programmé pouvait commencer.
Le premier quart d’heure était sans surprise avec le schéma très classique d’un Barça monopolisant la balle afin de mieux donner ses premiers coups de griffes. Mais celles-ci n’étaient pas assez acérées à la 10ème minute lorsque Bojan manquait le ballon à la suite d’un centre de Maxwell parfaitement mis sur orbite par Villa d’une talonnade géniale. Qu’importe, cela allait bien finir par rentrer. Villa semblait en jambe avec une grosse débauche d’énergie et de la percussion, de même que Messi, trois jours après sa grosse performance avec l’Argentine. Au milieu son compatriote Mascherano trouvait rapidement ses marques de pivot, de même qu’Adriano dans le couloir droit. Néanmoins, le jeu manquait de vitesse avec Iniesta et Keita assez empruntés dans la construction.
En face, Hercules ne ressemblait pas à la proie facile que l’on aurait pu imaginer avec une vraie organisation et un pressing intelligent. Son modus vivendi était clairement le contre, et celui-ci s’exprimait à la 20ème minute avec un carton jaune pour Mascherano pour une faute d’anti jeu, puis à la 26ème minute avec une nouvelle faute très similaire de l’Argentin sur Drenthe parti dans un contre solitaire. Cette second faute ne donnait pas lieu à un second avertissement, mais offrait aux visiteurs un coup franc conclu de façon peu académique par un but de Valdez (avec un z) après une première parade de Valdes (avec un s, vous suivez ?). Enorme sensation dans les travées du Camp Nou (0-1, 27’). Néanmoins pas de panique, il restait une grosse heure aux Barcelonais pour remettre les points sur les i.

De fait, les Blaugranas, vexés, passaient enfin la seconde, et mettaient une grosse pression sur la cage d’Alicante avec plusieurs situations chaudes : Piqué un peu court sur un centre d’Iniesta (30’), Villa au dessus sur un caviar de Messi (33’), Piqué de la tête juste à côté suite à un centre d’Adriano (35 ‘), puis Bojan en retard, toujours sur un centre du Brésilien (37’), puis encore Piqué au dessus (38’). Maitre incontesté des débats, le Barça semblait très proche de l’égalisation, mais se faisait toutefois très peur sur une mauvaise passe en retrait d’Adriano vers Valdes (45’). 1-0 à la mi-temps.
La pause voyait Guardiola procéder à deux changements avec les entrées de Xavi et Pedro en lieu et place de Mascherano et Bojan. Fini de rigoler. D’ailleurs les deux entrants se mettaient rapidement en évidence avec un centre de Pedro pour Xavi, mais la reprise du Vice-capitaine passait au dessus (48’).
Hélas! la suite était moins enthousiasmante, et même très décevante. Ni dans le jeu, ni sur coup de pied arrêté, les Catalans ne parvenaient à déstabiliser l’arrière garde d’Alicante. Messi et Villa sous l’éteignoir, Iniesta et Xavi en dessous de tout, seul Pedro amenait un peu de percussion devant, tandis que la ligne de récupération se faisait de moins en moins efficace. Boostés par leur ouverture du score, et surtout par leur capacité à conserver l’avantage, les joueurs de l’Hercules prenaient de plus en plus confiance dans leur utilisation du ballon. Se jouant assez facilement du pressing quelque peu fantoche du Barça, les visiteurs se montraient même particulièrement entreprenants dans leurs contres.
A la 59ème, suite à une perte de balle catalane, Hercules lançait un contre qui profitait de l’anarchie des locaux en défense pour prendre une ampleur insoupçonnée. Abidal en promenade sur le côté gauche se faisait balader comme un junior, tandis que Keita ne couvrait personne et que Piqué, Adriano et Maxwell décidaient de défendre à 3 mètres de leurs attaquants. C’est ainsi que sur une action d’école, Hercules via Nelson Valdez doublait la mise, presque sans forcer (0-2, 59’).
L’affaire commençait alors à sentir franchement mauvais pour les Blaugranas. Guardiola, relativement impuissant, lançait dans la foulée Alves pour Adriano. Mais la confusion était désormais installée dans les têtes et les jambes catalanes (action Valdez Trézéguet à la 61’). Insignifiant collectivement, le Barça essayait de s’en remettre à ses individualités. Messi, porté disparu depuis le retour des vestiaires, tentait de retrouver son costume de sauveur, mais sa frappe était sans danger (63’). Face au brouillon des locaux, Hercules offrait une copie parfaite sans aucune rature avec une réussite maximale en attaque, enfin presque puisque le promu se permettait le luxe de vendanger (70’, 75’, 80’, 89’).
La nonchalance du Barça dans la récupération du ballon était frappante. Comme si la Pep Team avait oublié qu’avant de pouvoir faire mumuse avec le ballon il fallait d’abord le récupérer. Trop basse, sa ligne de récupération ne permettait pas de lancer des vagues offensives régulières. Les occasions barcelonaises étaient maigres et peu convaincantes (Villa 71’ 90’, Pedro 72’, 80’). A telle point qu’en nombre de tirs cadrés, les visiteurs faisaient jeu égal !
Au fil des minutes, le Barça s’enfonçait dans une certaine résignation. Il n’y avait pas l’envie ou la capacité de se faire mal pour aller arracher autre chose qu’une défaite. Celle-ci était dès lors inéluctable. Nette. Sans appel. Sévère. Pour la première fois de son histoire, la Pep Team a perdu par plus d’un but d’écart à domicile. Et ce dès la deuxième journée. Face à un promu.
Souhaitons que ce match qui a fortement rappelé la défaite de l’année dernière toute aussi stupéfiante face au Rubin Kazan sonne comme un rappel à l’ordre. A ce stade du championnat, le Barça peut se permettre de perdre trois points. Mais ce seront trois points qu’il ne pourra jamais plus retrouver d’ici à la 38 ème journée. Le marathon commence par une sortie de route.
Les joueurs :
Valdes : 6,5
Il prend deux buts sur lesquels il est abandonné par sa défense. A empêché le naufrage total en fin de match.
Adriano : 3,5
Intéressant offensivement, avec une belle activité qui faisait presque oublier Dani Alves par moment. Défensivement, il a peu convaincu avec des erreurs techniques dramatiques et un placement pas assez rigoureux. Une très vilaine simulation en fin de première mi-temps heureusement sanctionné d’un jaune par l’arbitre. Un bilan où le négatif l’emporte au final largement. Remplacé par Alves qui n’a rien apporté en plus.
Piqué : 4
Lent. Souvent mal placé et donc en retard. Et très maladroit de la tête offensivement (comme toujours on a envie de dire). Une tête qu’il s’est d’ailleurs ensanglantée en fin de partie.
Abidal : 3,5
Impliqué assez directement sur les deux buts. Il n’a ni le sens du placement ni le jeu de tête pour assurer en défense centrale, cela s’est une nouvelle fois vérifiée. Le fait de le voir monter à chaque corner était par ailleurs assez incompréhensible…
Maxwell : 3,5
Une première mi-temps moyenne avant un second acte assez désastreux où sa couverture défensive a vraiment été défaillante.
Mascherano : 3,5
Une entame de match convaincante. Mais deux fautes qui auraient pu le renvoyer au vestiaire mises bout à bout l’ont fait sortir du match, au sens propre comme au figuré puisque Pep a choisi de le remplacer par Xavi (3,5) dès la reprise. Ce dernier a été particulièrement insipide avec une emprise très faible sur le jeu et une qualité de corner dramatique.
Keita : 3
Le roi de la passe en retrait a encore été princier dans sa distribution. Sans aucune verticalité, il a contribué à ralentir le jeu qui n’en avait pas besoin. Pivot en deuxième mi-temps, il a coulé dans le secteur de la récupération et la couverture. Dans quelques années on continuera de se demander comment le Malien a pu jouer autant de matches au sein de cette équipe.
Iniesta : 3,5
A gauche, puis à droite du milieu suite au passage en pivot de Keita. Il n’a jamais créé de différences que ce soit par ses dribles ou ses passes. Inoffensif.
Messi : 4,5
Après une bonne entame, il s’est fait plus discret avant de disparaitre complètement. Une ou deux actions en seconde mi-temps tout au plus. Insuffisant.
Villa : 4,5
Souvent hors-jeu, il lui a toujours manqué un petit truc pour mettre le ballon au fond des filets. Lui aussi a sombré au fil des minutes. A navigué un peu partout en première mi-temps avant de se fixer en pointe après le repos.
Bojan : 3,5
De loin le plus inoffensif des trois attaquants. A raté l’une des plus belles occasions du match dès la 10ème minute. Sorti à la mi-temps pour Pedro (5,5) qui sans avoir été fantastique a été l’un des rares à surnager après le repos.
Fiche technique :
FC Barcelone : Valdés ; Adriano (Alves, min.59), Piqué, Abidal, Maxwell ; Mascherano (Xavi, min.46), Iniesta, Keita ; Bojan (Pedro, min.46), Messi, Villa.
Hercules Alicante : Catalatayud ; Cortés, Abraham Paz, Pamarot, Peña ; Fritzler, Aguilar, Tiago Gomes (Tote, min.74), Drenthe (Sendoa, min.61) ; Valdez (Kiko Femenía, min.64), Trezeguet
Buts : 0-1: Valdez, min.27 et 0-2: Valdez, min.59
Arbitre : Carlos Velasco Carballo
Avertissements : Mascherano (min.19), Trezeguet (min.41), Adriano (min.41), Drenthe (min.42).
79.000 spectateurs.