Les faits et le jeu
Au Camp Nou, Séville est, depuis l’arrivée de Guardiola, ce qu’on appelle un bon client. Un peu comme l’Atletico Madrid (lequel a eu droit à sa manita annuel il y a quelques journées), les Sévillans et leur français Julien Escudé ont pris la sympathique habitude ces dernières saisons de repartir de Catalogne les valises bien pleines avec un mot doux du bagagiste en chef, un certain Leo Messi.
L’Argentin, muet cette semaine en Ligue des Champions, malgré une demi douzaine d’occasions, était bien sur la pelouse au coup d’envoi en compagnie de David Villa, mais pas de Pedro Rodriguez, laissé sur le banc. Pour le remplacer dans le couloir droit, Guardiola misait sur Adriano dans le cadre d’un 3-4-3 avec Alves, Mascherano et Abidal en défense, et Keita, Thiago, Xavi et Iniesta au milieu. Busquets était sur le banc, ainsi que Fabregas, l’homme pour qui ce schéma a été dessiné, de retour de blessure. Côté Séville, on ne retrouvait qu’un seul homme en pointe avec un schéma très défensif comprenant un milieu renforcé à 5. Visiblement Marcelinho, le nouveau coach andalou avait jeté un œil sur les cassettes des précédentes confrontations…
Dès la composition des équipes, un scénario de match assez limpide se dessinait. Et les premières minutes le confirmaient avec un Barça monopolisant la gonfle face à une muraille andalouse bien décidée à préserver son but inviolé pendant 90 minutes.
La première incursion barcelonaise était timide, avec Iniesta lancé par Messi mais trop court (6’). La seconde l’était moins avec toujours Iniesta en finisseur, mais suite à un débordement et à un centre d’Adriano. Mais Javi Varas sur la trajectoire de la reprise du manchego évitait à son équipe de prendre l’eau trop vite (10’).
A ces premières escarmouches, les Andalous ne répliquèrent que sur des approximations de la défense blaugrana avec tout d’abord une passe en retrait dangereuse de la poitrine de la part d’Abidal qui aurait pu profiter à Navas en embuscade (12‘), puis une jolie frappe à l’entrée de la surface de ce même Navas suite à un dégagement mal assuré de Dani Alves (20‘). Mais dans les deux cas Victor Valdes veillait.
La domination catalane, nette en possession de balle, tardait à se concrétiser en monnaie sonante et trébuchante. Et alors qu’arrivait la demi-heure de jeu, Guardiola décida de repasser en 4-3-3 en faisant passer Adriano arrière gauche, et en laissant le trident d’attaque à Villa, Messi et Iniesta. Sans révolutionner le cours de la partie, ce changement permettait à certains joueurs, notamment Dani Alves de se sentir plus à l’aise.
Toujours animé par un faux rythme, et peinant à déséquilibrer un bloc défensif andalou très bien organisé et très rigoureux, les Catalans s’en remettaient à quelques coups d’éclat comme à la 40ème minute, ou Adriano, désormais sur la gauche trouvait l’appui d’Iniesta pour servir sur un plateau Villa dans la surface. Idéalement placé, le buteur espagnol ne trouvait cependant pas la faille, sa frappe plein centre étant repoussé par Javi Varas. Et alors que la mi-temps se rapprochait, c’est Messi, assez discret jusque là qui tentait à son tour sa chance, sans plus de réussite (45’).
La physionomie du match lors du second acte ne variait en rien avec toujours un Barça maitre des jeux (77 % de possession) mais incapable de trouver la brèche. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé avec Iniesta en force à 20 mètres (54’), Messi de la tête (56’), puis Adriano d’une frappe enroulée (59’).
Face à cette situation bloquée, Guardiola décidait de remplacer Keita par Pedro pour ajouter de la percussion et de la largeur. Mais les principaux détonateurs continuaient de s’appeler Messi et Iniesta, le premier trouvant le second dans la surface pour une frappe lobée rebondissant sur la barre (73’). Encore un quart d’heure à jouer, et cette impression que le Barça n’y arriverait décidément pas, malgré les efforts de Cesc, entré à la place de Thiago et butant sur la défense (75’) ou de Messi butant encore sur le gardien (78’). il y a des jours comme cela où ça ne veut pas.
Dernière illustration avec ce penalty manqué par la Pulga dans le temps additionnel. Obtenu suite à une faute sur Iniesta et après plusieurs semaines de campagne de la presse catalane pour dénoncer la partialité des arbitres au moment de donner des penalties au Barça, cet événement dégénérait en bagarre avec Kanouté et Fabregas en principaux protagonistes. Expulsé, le malien n’assistait pas à l’échec de Messi face à Varas, définitivement en état de grâce. Les jeux étaient faits et ce malgré une deuxième expulsion côté andalou, suite à un tacle agressif de Navarro sur Alves dans les ultimes secondes.
Le Barça a concédé le nul et brisé sa bonne dynamique à domicile faite de goleada ces dernières semaines. Il laisse également le Real Madrid lui repasser devant avec un petit point après son succès écrasant à malaga (4-0). Mais le leader s’appelle dorénavant Levante !
Les joueurs :
Valdes : 6,5
Il a préservé son invincibilité en étant décisif sur la seule frappe dangereuse des Sévillans.
Alves : 6,5
Très défensif en début de match du fait du système de jeu à 3 derrière, il a retrouvé sa liberté après une demi-heure, en apportant ses qualités habituelles.
Mascherano : 6,5
En mode patron derrière. C’est devenu une habitude.
Abidal : 6
Une remise en retrait de la poitrine à Valdes qui aurait pu couter cher. Match discret et essentiellement dévolu aux taches défensives face à une équipe qui n’a pas attaqué.
Keita : 5,5
Match sans grand relief mais tout à fait correct au poste de pivot. Remplacé par Pedro pour donner plus d’allant et de percussion à l’équipe. Le Canarien a été assez brouillon.
Xavi : 5,5
Face au bloc de Séville, il a laissé Messi et Iniesta être le plus souvent aux mannettes pour jouer davantage les mécano en deuxième rideau. On le préfère davantage impliqué. A fini le match en pivot avant d’être remplacé par Busquets plus efficace à ce poste dans les dernières minutes.
Thiago : 5,5
Relayeur dans le 3-4-3, il n’a pas sur s’impliquer davantage une fois le retour à 4 derrière. Effacé. Remplacé par Fabregas qui n'a pas apporté la différence attendue et s'est surtout signalé avec l'expulsion de Kanouté.
Iniesta : 7,5
Le meilleur catalan et le plus dangereux. Dans tous les bons coups. Obtient le penalty.
Adriano : 6
Des hauts et des bas. Quelques coups d’éclat qui ont amené du grand danger, mais aussi pas mal de mauvais choix et approximations.
Messi : 5
Un pénalty raté qui symbolise un son match, avec une prestation assez brouillonne et peu inspiré. A perdu beaucoup de ballons.
Villa : 5,5
Peu en vue que ce soit à droite tout d’abord, puis dans l’axe pendant l’essentiel du match. Peu servi également.
Fiche technique :
FC Barcelone : Valdés ; Alves, Mascherano, Abidal ; Keita (Pedro, min.62), Xavi (Busquets, min.88), Thiago (Cesc, min.74), Iniesta ; Adriano, Messi, Villa.
FC Séville : Varas ; Caceres, Fazio, Escudé, Navarro ; Medel, Trochowski (Coke, min.62), Campaña (Rakitic, min.71), Navas, Armenteros ; Manu del Moral (Kanouté, min.66).
Arbitre : Iturralde González.
Avertissements : Navas (min.42), Macherano (min.45), Javi Varas (min.56), Medel (min.66), Cáceres (min.68), Iniesta (mi.75), Fazio (min.92), Kanouté (min.93).
Expulsion : Kanouté (min.94), Navarro (min.97).
82.743 spectateurs.