Les faits et le jeu
Jouer à Bilbao n’est jamais une sinécure. Encore plus quand le tonnerre gronde et que la pluie tombe en abondance comme ce fut le cas dimanche soir. Pour affronter Bielsa l’un de ses inspirateurs, Guardiola décidait d’aligner un seul attaquant de métier, à savoir l’indéboulonnable Leo Messi. Si la défense était assez classique avec Alves et Abidal dans les couloirs et Mascherano et Piqué dans l’axe, si le milieu était archi classique avec Xavi et Iniesta devant Busquets, l’attaque déconcertait un peu plus avec Adriano à gauche, Messi, donc, à droite, et… Fabregas en pointe ! Naturellement il ne s’agissait pas pour l’ancien gunner d’occuper un rôle de pur 9 mais plutôt de faire du « Messi », c’est-à-dire de décrocher et de naviguer un peu partout pour mieux servir de point d’appui et ouvrir des brèches à ses partenaires.
De fait c’est ce qui se produisait rapidement avec dès la 3ème minute, un double une-deux plein axe entre Xavi et Adriano, conclu par ce dernier d’une frappe trop molle pour faire la différence. Face à des Basques très en jambe, pressant haut, et décidés à ne pas regarder l’adversaire développer son jeu de passe au milieu, les Catalans manquaient de fluidité et de maitrise. L'absence de Pedro et de Villa se faisait sentir devant avec un vrai manque de relais qui n’était pas compensé par une maitrise accrue au milieu. A cela venait s’ajouter une pelouse de plus en plus mouillée et glissante, mais celle-ci restait hors de cause pour la première occasion des locaux via De Marcos (14’).
Bousculé, le Barça réagissait par Iniesta (19’, frappe au-dessus), avant de craquer, à l’image de Mascherano et de sa glissade, sur une action venue de la gauche et conclue à l’entrée de la surface par Herrara d’une frappe enroulée imparable (1-0, 20’). Fin de l’invincibilité pour Valdes après 896 minutes sans encaisser de but.
Cette ouverture du score ne douchait toutefois pas les Barcelonais, qui avaient d’ailleurs déjà de quoi faire avec les trombes d’eau s’abattant sur le stade. Une première occasion d’égaliser se présentait ainsi à la 23ème minute avec un coup franc habilement joué par Messi pour Alves en retrait. Hélas la frappe du Brésilien manquait de précision et de puissance pour surprendre Iraizoz. Ce n’était toutefois qu’un contretemps car dans la foulée, Abidal débordait et centrait de son aile gauche pour trouver la tête de Fabregas qui allait loger le ballon dans la lucarne des cages basques. Pur but d’avant-centre que ce bijou signé Cesc (1-1, 24’).
Quelque peu abattus, les joueurs de Bilbao concédaient du terrain et des occasions avec des tentatives de Messi (26’) ou Iniesta (30’). Mais il fallait plus qu’une égalisation rapide pour déstabiliser les joueurs au maillot rouge et blanc menés à la baguette par el Loco Bielsa. Et c’est Bilbao à la 36ème minute qui était ainsi tout proche de reprendre l’avantage sur une action limpide conclue maladroitement par Muniain.
Il ne se passait plus rien jusqu’à la mi-temps, et l’entrée en scène des jardiniers chargés d’éponger les surplus d’eau… dans la bonne moitié de terrain ! De fait, au retour des vestiaires, le Barça se retrouvait à attaquer dans une pataugeoire et à défendre sur un terrain humide mais praticable. On appelle ça l’avantage de jouer à domicile. Malgré de bonnes intentions et une maitrise globalement meilleure qu’en première période, les Blaugrana n’arrivaient pas à se montrer dangereux jusqu’à l’heure de jeu et une action signée Messi (60’). Sentant son équipe manquer à la fois de percussion et de largeur, avec un Messi dézonant constamment pour laisser le couloir droit au seul Alves, Guardiola décidait de sortir Xavi pour le revenant Alexis Sanchez. (63’). Puis après une occasion manquée par Adriano (67’), c’est Villa qui faisait son entrée à la place justement du Brésilien (72’). Avec trois vrais attaquants, le Barça continuait à aller de l’avant mais s’embourbait presque à chaque tentative dans le bloc défensif de Bilbao bien aidé par les conditions du terrain.
Au plus fort de la domination catalane, les locaux obtenaient malgré tout un corner sur une passe en retrait complétement manquée de Mascherano. Cette offrande ne suffisant pas, Abidal et Piqué se chargeait de la transformer en but avec un coup de billard assez improbable à la réception du corner (2-1, 80’). Ce n’était plus une voie d’eau mais un début de naufrage qui se profilait sur la pelouse détrempée de San Mames. Masi contrairement aux voyageurs du Titanic, les Barcelonais avaient encore un peu de temps pour se sauver. Et ils s’y employèrent. Ce fut tout d’abord Villa qui se heurta au gardien par deux fois (84’, 87’), puis Iniesta d’une frappe non cadrée suite à une belle combinaison entre Villa et Sanchez (85’). L’égalisation semblait à portée de main, mais elle ne cessait de se dérober, la faute à trop de maladresse dans le dernier geste.
Heureusement, la maladresse finissait par changer de camp, avec suite à une entrée d’Iniesta dans la surface, un ballon atrocement mal dégagé par la défense qui finissait dans les pieds de Messi qui offrait le point du nul à son équipe. Bien payé de ses efforts le Barça limitait ainsi la casse et son retard à trois points sur le Real triomphateur d’Osasuna (7-1). En attendant les 22 acteurs ont aussi offert un magnifique spectacle malgré des conditions extrêmes.
Les joueurs
Valdes : 6
Battu sur les deux buts, avec une petite gêne de Piqué sur le second, V.V. a laissé filer son record d’invincibilité. Décisif malgré tout en première mi-temps sur Muniain.
Alves : 5
Match difficile pour le Brésilien avec des attaquants remuants et peu de relais dans son couloir.
Piqué : 5
Maladroit sur le deuxième but encaissé, il a pour le reste assuré le coup face à Llorente. Utile dans la relance. Remplacé par Thiago après le deuxième but encaissé. Le canterano a apporté du liant pour les dernières minutes.
Mascherano : 4
Il glisse sur le premier but et offre de façon incroyable le corner qui amène le second. Heureusement que le reste de sa prestation a été correct. A beaucoup souffert des conditions de jeu.
Abidal : 6
Un magnifique centre pour le but de Cesc. A garder précieusement dans les archives… Une prestation sereine et appliquée.
Busquets : 5,5
Mis en difficulté par les retours des attaquants basques, notamment Llorente. A manqué de tranchant dans la récupération.
Xavi : 4,5
Sans gaz et sans idée. Remplacé par Sanchez qui a parfois confondu vitesse et précipitation mais qui a offert une balle de but en or à Iniesta.
Iniesta : 6
Virevoltant mais quel manque d’efficacité ! A manqué plusieurs très bonnes occasions.
Messi : 5,5
Il marque le but du match nul au terme d’un match où il aura été trop discret et davantage à la construction qu’à la finition. Là encore l’état du terrain ne l’a pas aidé… Positionné plutôt couloir droit, il a beaucoup dézoné avant de retrouver on poste dans l’axe.
Fabregas : 6
Vrai faux avant-centre avant de laisser ce rôle à Messi suite à la sortie de Xavi, il a régalé d’un but de la tête magnifique, digne d’un grand 9. Globalement il continue de ne pas convaincre dans la construction au milieu, mais d’émerveiller par ses qualités de finisseur. Trop intermittent.
Adriano : 6
Très actif et très en vue malgré un déchet important et un manque de précision. Remplacé par Villa qui a manqué une belle occasion, mais qui a contribué à redynamiser l’attaque.
Fiche technique
Athletic Bilbao : Iraizoz ; Iraola, Javi Martínez, Amorebieta, Aurtenetxe ; Iturraspe, De Marcos, Herrera ; Muniain (Ibai, min.88) Llorente (San José, min.90) Susaeta (Íñigo Pérez, min.85).
FC Barcelone : Valdés ; Alves, Mascherano, Piqué (Thiago, min.80), Abidal ; Busquets, Xavi (Alexis, min.61), Iniesta ; Messi, Cesc, Adriano (Villa, min.72).
Buts : 1-0, min.19: Herrera. 1-1, min.23: Cesc. 2-1, min.79: Piqué (CSC). 2-2, min.91: Messi
Arbitre : Paradas Romero.
Avertissement : Herrera, Javi Martínez, Iturraspe ; Piqué
Expulsion : Amorebieta, (89’ deuxième jaune).
35.000 spectateurs. Pelouse gorgée d’eau.
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